vendredi 30 avril 2010

QUE MES BIBLIOFOLIES VIVENT !


Et toujours mes "bibliofolies" ! ne pas les oublier pour qu'elles continuent à vivre, à forcer, grandir et prendre du poids et ainsi se multiplier dans les bibliothèques des amis du livre et les miens aussi par la même occasion.

Les billets de La Bibliothèque, 175 p.14 €.

mardi 27 avril 2010

NOUVELLE EDITION DE "HISTOIRE DE L'ORDRE DE MALTE


Une nouvelle édition revue et augmentée de "Histoire de l'ordre de Malte" vient de sortir dans la collection Tempus (Perrin) en librairie.

UNE HISTOIRE COMPLETE ET THEMATIQUE DE L’ORDRE DE MALTE
Depuis 1113, l’année de la promulgation d’une bulle du pape Pascal II, consacrant la congrégation de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, comme un ordre religieux, exempt de l’Eglise, jusqu’à nos jours, l’histoire de cette institution s’est confondue avec celle de l’Europe. Cette histoire-là est autant religieuse ou maritime, que militaire ou artistique. Sa vocation première, c'est-à-dire le soin donné aux malades, complétée par la défense de la foi chrétienne, par les armes durant plusieurs siècles, a été doublée par d’autres actions que nos contemporains peuvent contempler, tant à Rhodes, qu’à Malte et dans toute l’Europe. Les traces ou les marques de l’ordre de Malte, puisque c’est ainsi qu’on le nomme familièrement, sont encore présentes dans les arts. Il est aussi intéressant de savoir que le « Code Rohan », établi à la fin du XVIIIe siècle, a pu inspirer le Code civil.
Les ouvrages inspirés par l’ordre de Malte, sont nombreux. Ils évoquent des commanderies, des faits d’armes, de la vie des saintes de l’Ordre, de l’architecture. Les histoires complètes de l’Ordre sont plus rares. Sans doute, parce que neuf siècles, si riches, sont difficile à contenir dans un volume. Pour la première fois, l’aventure ou l’épopée ou simplement la mission des Hospitaliers, est abordée, dans cet ouvrage, d’une manière chronologique et thématique. Les hôpitaux et la médecine, la marine, les arts, les saints et les saintes, se détachent et complètent les chapitres plus traditionnels. Nous découvrons qu’à la suite des ingénieurs italiens qui bâtirent la cité de la Valette, des ingénieurs français, de l’école de Vauban construisirent des fortifications nouvelles. C’est ainsi que Malte peut être considérée à la fois comme un conservatoire de l’art militaire et de l’art baroque.
Des annexes donnent toutes les informations sur l’état de l’Ordre aujourd’hui, ses membres, ses costumes, ses charges et même la littérature. Une annexe est, par exemple, consacrée au « Caravage, chevalier de Malte ».
L’auteur a, également, remis en place quelques idées reçues, donnant tout son sel, à un livre, important, certes, mais qui se lit mieux qu’un roman.

Histoire de l’ordre de Malte, par Bertrand Galimard Flavigny, collection Tempus, 450 p. 10.50 €.

dimanche 11 avril 2010

BIBLIOFOLIES


le Salon international du livre ancien se déroule les 16, 17 et 18 avril 2010, sous la verrière du Grand Palais, à Paris. Voici l'occasion de reprendre en main ou de découvrir les "Bibliofolies".

Le dernier né des ouvrages des Editions La Bibliothèque « Bibliofolies », Chroniques d’un bibliophile » avait sa place toute trouvée parmi les parutions de ces Editions et plus particulièrement dans cette collection, bien connue des amateurs, « Les Billets de la Bibliothèque ». Que pouvait-on, en effet, offrir de mieux à ce recueil de chroniques bibliophiliques signées Bertrand Galimard Flavigny que ces Editions de La Bibliothèque connues et nées sous le signe de l’amour des beaux livres, des livres anciens et des bibliothèques !
Charmantes invites à la passion des livres, à la bibliophilie, aux « Bibliofolies », ce sont, en effet, plus de soixante digressions que nous offre amoureusement dans ce dernier ouvrage Bertrand Galimard Flavigny. Il nous entraîne ainsi dans ce monde un peu baroque, parfois un peu foutraque, des livres, des éditions et rééditions, dans ce monde fabuleux qu’est la bibliophilie ; glissant du livre rare ou précieux, aux éditions originales, aux livres anciens, truffés ou encore peints, cet opuscule n’est pas réservé aux seuls bibliophiles qui apprécieront bien sûr la saveur de ces pages. Ils y liront ainsi avec délice par exemple cette chronique consacrée à l’ouvrage de William Blades « Les livres et leurs ennemis » paru pour la première fois à Londres en 1880, et trois années plus tard à Paris chez A. Claudin, et dans laquelle Bertrand Galimard Flavigny nous rappelle que Voltaire réduisait à quelques dizaines de pages seulement des volumes entiers pour faire relier ensemble, véritable bibliothèque portative, ces pages arrachées ! Ou encore, cette chronique consacrée à la traduction du premier traité sur l’amour des livres composé au XIVème siècle par R.d’Aungerville de Bury, intitulé « Philobiblion », publié pour la première fois à Cologne en 1473, et dans lequel l’auteur recommandait pour le prêt des livres d’exiger en échange un gage d’une valeur supérieure !
On entre dans « Bibliofolies » comme on entrerait à pas feutrés tout emprunt de curiosité dans une belle bibliothèque, et on se surprend après avoir saisi parfois « au hasard » une chronique à la reposer pour en choisir une autre dont le titre – « un scarabée sur chenilles », « Noire tulipomania »… - comme une jolie reliure nous interpelle, nous séduit… On y apprend ainsi que l’ouvrage de Michel Déon portant le titre « Dernières nouvelles de Socrate » dont l’édition originale fut dirigée par Marie-Claude Char et illustrée par Jean Cortot est une merveille pour le bibliophile ; de même, ce projet de tableaux parisiens entre le graveur Charles Meryon et Charles Baudelaire avorté de leur vivant, mais qui verra néanmoins le jour cent quarante ans plus tard pour la plus grande joie des bibliophiles aux Editions de La Bibliothèque sous le titre « Paris 1860 ». ; ou encore, la publication du recueil « Escales » de Jean Cocteau tirée à 440 exemplaires et considérée comme l’une des impressions les plus réussies de son époque.
Témoignage de bibliophile, ce recueil se laisse lire comme un léger et savoureux divertissement. Tous les amoureux ou amateurs de livres en général ne manqueront pas de sourire en y découvrant l’histoire des parutions et traductions de « Hidalgo Don Quixote de la Mancha » de Cervantès qui dû être piqué au vif pour daigner enfin en écrire la seconde partie ! Le lecteur y croisera des lieux étranges, parfois imaginaires comme l’Isle aux hermaphrodites... Il y rencontrera également entre deux ouvrages anonymes des personnages illustres, Honoré de Balzac, Pierre Corneille, Alexandre Dumas… des oeuvres aux amours passionnelles avec notamment George Sand et Alfred de Musset…
« Bibliofolies » ravira, aussi, les collectionneurs les plus pointilleux qui pour leur part ne manqueront d’y trouver de petites curiosités notamment ce premier ouvrage imprimé en 1808 à Marseille, intitulé « Traité théorique de l’art du savonnier » et exposant les secrets de fabrication du savon de Marseille, ou ce petit traité intitulé « Instruction populaire sur le blanchissage à la vapeur, imprimée et publiée par ordre du gouvernement » publié en 1805 et que possédait Napoléon dans sa bibliothèque... Les véritables bibliomanes, enfin, ne demeureront pas en reste, et trouveront dans cet ouvrage des chroniques dignes de leur passion avec notamment la fabuleuse histoire de Jean-Népomucène-Auguste Pinchaud de Fortsas… Ce sont là, rassemblés, des récits extraordinaires du monde fabuleux de la bibliophilie, on y rit, sourit, rêve surtout… que d’aventures, de périples pour ces héros, ces compagnons fantastiques que sont les livres…
Cette « Bibliofolies » à la couverture couleur coquelicot est sans conteste un biblion savoureux par « ce presque rien », cette délicatesse de choix éditorial, qui fait des Editions La Bibliothèque une édition privilégiée des bibliophiles…On en deviendrait pour un peu Bibliotaphe !

Bertrand GALIMARD FLAVIGNY : « Bibliofolies ; Chroniques d’un bibliophile », Paris, Editions de La Bibliothèque, 2008, 172 p.

Article paru sur le site : www.lexnews.fr

mercredi 7 avril 2010

LES PASSAGERS DU VENT ET LES ESCLAVES



L’une des bandes dessinées parmi les plus mythiques de son histoire trouve sa consécration au musée de la Marine.

« A l’origine, je ne pensais pas réaliser une histoire purement marine, sans songer composer une histoire consacrée à la traite négrière », confie François Bourgeon auteur et illustrateur qui a imaginé cette histoire des « Passagers du vent » vers la moitié des années 1970, sans imaginer qu’elle deviendrait l’une des plus mythiques de celle de la bande dessinée marine et de la BD tout court, car elle rompt les digues qui la séparait de la littérature. Quatre albums devaient suivre jusqu’en 1984, puis plus rien. Le récit s’achève lorsque l’héroïne, dépouillée de tout, s’élance, sous la pluie, sur une plage de Saint-Domingue, le vendredi 29 mars 1782, en disant : » Ce jour-là, j’ai failli oublier que je n’avais, sommes toute, que dix-huit ans…et encore toute la vie devant moi ». Vingt-cinq ans plus tard, François Bourgeon vient de donner une suite à ces Passagers du vent, sous le titre La Petite-fille Bois-Caïman (1).
Le musée national de la Marine (2) présente aujourd’hui des planches originales, des objets et maquettes sortis de l’atelier de cet auteur qui a connu la mer et surtout les bâtiments de haut bord et autres navires, en lisant Le vaisseau de 74 canons, traité pratique d'art naval, 1780 par Jean Boudriot (3). Cet ouvrage est pratiquement le seul qui explique et décrit d’une manière précise l’architecture, la composition de ce type de vaisseau de ligne et également la vie à bord. « En refermant le livre, j’ai éprouvé le désir, comme lorsque l’on vient d’assister à un bon film et que l’on incite ses amis à aller le voir, de partager cet univers », dit François Bourgeon. Sans coup férir, il réalisa une maquette de la frégate baptisée « La Marie-Caroline » afin d’en apprendre et les gréements. Entre temps, il eut entre ses mains l’ouvrage de Pierre Verger, Flux et reflux de la traite des nègres entre le golfe de Bénin et Bahia de Todos Os Santos du XVII° au XIX° siècle ». C’est ainsi que s’est orienté son récit. Il découvrit dans les archives coloniales, rue Oudinot, à Paris, le plan du fort de Saint-Louis de Juda, réalisé en 1776 par l’abbé Bullet. Relevant leurs cotes, il les a reproduits en maquette, notamment pour étudier les ombres, utilisant si besoin était, des miroirs afin de suivre le déplacement des personnages. François Bourgeon est un grand lecteur qui ne cesse de croiser et recroiser les informations qu’il glane çà et là. Les maquettes font partie de ces croisements. Retrouvant des aquarelles figurant les plantations de la Louisiane au milieu du dix-neuvième siècle, l’illustrateur a su placer son décor principal de La Petite-fille Bois-Caïman.
L’histoire des Passagers du vent est double. Elle est celle d’Agnès de Roselande dont l’identité a été volée à cause d’un jeu d’enfants. Devenue, malgré elle Isabeau, dite Isa, elle se retrouve embarquée sur un vaisseau du roi. Les aventures mèneront la jeune femme en Angleterre puis en Afrique et enfin à Saint Domingue, avant que nous la retrouvions, en présence de son arrière-petite-fille, en Louisiane, au moment de la Guerre de Sécession. Nous sommes en présence d’un roman dans lequel les femmes jouent le principal rôle au centre d’un conflit qui dura, celui de la traite des noirs, jusqu’à sa suppression. François Bourgeon conduit son récit avec des allers et retours, fournissant au lecteur les explications qui lui semblent manquer un moment. Rien de linéaire chez lui, il mène pourtant à bien sa bataille pour la liberté. Les deux derniers tomes composés dans un format plus grand que celui des cinq premiers, et grâce aux nouvelles techniques avec une colorisation plus intense, et un jeu de vignettes superposées, sont, le mot n’est pas trop fort, remarquables.


(1) les Passagers du vent, « la Fille sous la dunette », « le Ponton », « l’Heure du serpent », « le Comptoir de Juda », « le Bois d’ébène », - La Petite-fille Bois-Caïman, livre 1, et 2, 70 p. ,Editions 12Bis,
(2) Musée national ce la Marine, place du Trocadéro, Paris, jusqu’au 3 mai 2010.
(3) Ed. Ancre (Nice) 4 to. 416 €.


On eut lire aussi : Bourgeon, par Christian Lejale, Ed. Imagine & Co -
– François Bourgeon, le passager du temps, par François Cortegianni, Glénat