lundi 25 octobre 2010

UNE RELIURE « PEAUX-ROUGES »



Jacques Cartier (1491-1557), lui aussi, cherchait un passage afin de « découvrir certaines ysles et âys où l'on dit qu'il se doibt trouver grant quantité d'or et autres riches choses ». Mandaté par François Ier, ce malouin prit, le 20 avril 1534, la route de l’Ouest et parvint le 10 mai face à Terre-Neuve, puis longea le Labrador, des lieux déjà connus, et pénétra dans ce qu’il pensait être une mer intérieure. Ce fleuve qu’il appela d’abord « La grande Rivière » était le Saint-Laurent que nous connaissons. Face au littoral, Cartier constata : « Il y a des gens à ladite terre, qui sont d'assez belle corpulence, mais ils sont farouches et sauvages. Ils ont leurs cheveux liés sur leur tête, à la façon d'une poingée (sic) de foin tressé, et un clou passé parmi, ou autre chose ; ils y lient des plumes d'oiseaux. Ils se vêtent de peaux de bêtes, tant hommes que femmes ; mais les femmes sont plus closes et serrées en leurs dites peaux et ceinturées par la taille. » Au cours de cette première expédition, Cartier emmena avec lui ou les enleva, les historiens ne sont pas d’accord sur l’évènement, deux fils du chef Iroquois Dannacona, dans le dessein d’en faire des interprètes
De retour en France, le 5 septembre, le navigateur fit baptiser les deux garçons et les présenta au roi François Ier Nous connaissons cette histoire grâce au Discours du voyage fait par… J. Cartier aux terres neufves du Canada, (Paris, 1538). Ce qui n’est pas dit est sans doute l’engouement que la cour eut vis-à-vis de ces sauvages venus du Nouveau monde. L’indiamania a laissé peu de traces et les chroniques de l’époque n’en font pas état. Il en subsiste néanmoins une trace dans des reliures dites « Peaux-Rouges ». L’une d’entre elles a été adjugée 6.000 €, à Drouot, le jeudi 17 juin 2010 par la svv Audap-Mirabaud, assistée par Christian Galantaris. L’expert la décrit ainsi : « La plaque gravée, dont le cuir porte l'empreinte profondément enfoncée, se distingue par un large entrelac serti de filets dorés, dans les échancrures duquel s'inscrivent, dans la partie supérieure, le visage vu de face d'un vieil indien grimaçant coiffé d'une corbeille de fruits et doté de deux longues cornes horizontales ; sur les côtés deux profils symétriques de Peaux-Rouges aux traits accentués et largement parés de plumes sur le crâne ; au centre un visage de femme de face avec un croissant dans la chevelure et un drapé sur le buste ; il y a encore des guirlandes de fruits liées à des draperies et, dans le bas, une tête de buffle de face un peu stylisée. »
Quoiqu’un peu défraîchie, cette reliure est remarquable car on ne connaît que trois autres spécimens de la même reliure et avec, comme celui-là, des rehauts polychromes : sur les Commentaire sur le Banquet de Platon par Ficin (Poitiers, 1546) conservé à la Bibliothèque Mazarine ; sur les Heures à l'usage de Paris. (Paris, Th. Kerver, 1551) à la Bibliothèque de Versailles et sur Des guerres des Romains, par Appien, (Paris, 1552), vendu à Versailles, le 7 nov. 1993, en présence de l’expert Bernard Clavreuil. Ces reliures décorées portant ce décor ont, semble-t-il, été exécutées à Paris dès la fin de la première moitié du XVIe siècle et dans les années qui ont suivi.
Quant à l’ouvrage recouvert de ce décor, vendu en juin, il s’agit du Sommaire des Histoires du royaume de Naples… par lequel on peut congnoistre clairement les raisons de ceulx qui par cy devant l'ont querelé. (Paris, Arnoul L'Angelier, 1546, in-8), par Pandolfo Collenuccio (1444-1504), un jurisconsulte né à Pesaro, fils d’un maître de grammaire. Cette histoire de Naples, en fait un abrégé, parut, pour la première fois, en langue italienne, sous le titre Compendio delle historie del regno di Napoli (Venetia, Michele Tramezzino, 1539, in-8). Cet ouvrage connut un réel succès et a été réimprimé plusieurs fois, à partir de 1541, avec, précise le bibliographe J-Ch. Brunet, « des augmentations successives de Mambrino Roseo et de Th. Costo ». On cite ainsi au moins les éditions de 1548 et 1559. On en connaît une autre vénitienne pour Giusti, en 1613, en 3 volumes in-4.
« Quant à la traduction française, dit le bibliographe J-C. Brunet, qu’en a donnée Denis Sauvage, c’est un livre plus rare que recherché ». La reliure Peaux-Rouges, étonnante sur une histoire de Naples, lui, a apporté un petit air d’exotisme.

dimanche 17 octobre 2010

LE COQ MARIN/ CELUI QUI LE DIT, IL L’EST

Dans les cours de récréation, les petites bagarres sont sans gravité ; les mots lancés à l’occasion sont le plus souvent empreints de bon sens. Ecoutons l’une de ces petites voix lancer un qualificatif peu amène vers un autre écolier qui vient de le dénoncer pour un méfait jugé gênant pour les autres. Il y a quelques jours, Michael O’Leary, le Pdg de Rayanair traitait, non sans raison, les aiguilleurs du ciel en grève, de « bandits de grand chemin ». Si je jouais dans la même cour que le petit Michael, je lui dirais, « celui qui le dit, il l’est ». Car lui aussi, il rançonne les voyageurs. Des passagers qui se protègent comme ils le peuvent des différentes textes semés sur leur chemin, compensées – pas toujours – par des prix hors compétition. Gare à celui qui aurait un malaise à bord des avions de sa compagnie. Au cas, ou son étourdissement aurait été provoqué par une crise d’hypoglycémie, et qu’une petite collation (gâteaux et thé) lui auraient été recommandée par un médecin présent, il serait contraint de régler le coût de ces aliments. Ce qui vient d’arriver sur un vol Marseille-Edimbourg. Nous savons que cet incident ne surviendra plus, du moins sur les vols en partance de Marseille, car la compagnie Rayanair quitte Marseille afin de fuir ces bandits d’aiguilleurs du ciel en grève. Sans doute le petit Michael a-t-il peur de la concurrence sur ses propres pratiques dans la même cour de récréation ?

LE COQ MARIN/ LES BANDITS DE GRAND AIR

Durant la période médiévale et même bien plus tard, il ne faisait pas bon, emprunter des chemins déserts, à la tombée de la nuit et même en grand jour. Des bandits guettaient les voyageurs imprudents et les dépouillaient sans vergogne, les laissant le plus souvent morts que vifs. Ces pratiques ont heureusement disparu, nous ne sommes plus au Moyen-Âge, n’est-ce pas ? Oh ! de temps à autre, sur certaines autoroutes, des automobilistes se font rançonner par quelques malfrats. On évoque l’affaire en quelques lignes dans les journaux et l’on oublie. Michael O’Leary, le Pdg de Rayanair sait que les bandits de grands chemins sévissent toujours. Il vient de les désigner sous leur nom de code : « les aiguilleurs grévistes ». Nous, pauvres voyageurs de banlieue et d’autres voies ferrées en France, connaissons d’autres bandits qui prennent fréquemment des otages qui, il convient de le reconnaître, les relâchent au bout de une ou deux journées… Nous ne pouvons les nommer ici sous le nom de leur bande, car ils ont obtenu l’autorisation de pratiquer régulièrement leurs méfaits grâce à une charte nommée « constitution ». S’ils ne chauffent pas comme ceux d’Orgères, sous le Directoire, il reste qu’ils sont, à leur manière leurs descendants.

mercredi 6 octobre 2010

LE COQ MARIN/ LE DROIT D’OFFENSER

« Le Droit, le Droit ! » vociférait un juriste. Apprends-le avant d’en parler ». Le Droit est partout, comme la justice d’ailleurs. Le plus célèbre de ses composants est celui de l’homme, au pluriel, brandi en toute occasion afin de masquer une idéologie défaillante. Le droit d’ingérence possède également une bonne cote. Le droit de se taire, le bon droit et quelques autres sont inscrits dans un catalogue dans lequel on peut piocher à tout moment. Manque toutefois dans cette panoplie, le droit d’offenser.
S.S. Benoît XVI a dernièrement évoqué dans l'abbaye de Westminster, ceux qui militent contre certaines fêtes religieuses, comme celle de Noël, car elle pourrait « offenser ceux qui professent une autre religion, ou ceux qui n’en n’ont pas ». Revendiquons le droit d’offenser. Après tout il n’y a de vérité qui offense.