jeudi 27 mai 2010

ON NE DÉPÈCE PAS LA JEANNE D’ARC




Avouez-le, n’avez-vous jamais été séduit par l’élégance et la beauté de certaines dames d’un certain âge ? Elles ont accueilli les effets du temps et les ont cultivés de telle manière que leur beauté naturelle s’en est trouvée magnifiée. Leur allure attire notre regard ; leur maintien les marque mieux qu’une pose ostentatoire ; leur discrétion imprègne leurs gestes. « La Jeanne d’Arc », le navire-école de la Marine Nationale, est une vieille dame. Certes, elle fend les lames de toutes les mers depuis près de cinquante ans. Elle vient de montrer, une dernière fois qu’elle avait encore des capacités techniques en atteignant la vitesse de 30 nœuds ; mais « La Jeanne » doit s’incliner, elle a fait son temps. Les gens de la Royale essuient furtivement une larme. Car elle a accueilli en son sein une quarantaine de générations de futurs officiers de marine. Chacun d’entre eux comme les autres, tous les autres, passagers, visiteurs, marins, Bretons, simplement Français, portent quelque part en lui, son image, même si elle est parfois quelque peu floue. Le porte-hélicoptère bâtiment unique s’en va. Dans quelle direction, dans quel chantier ? Sachez qu’on ne dépèce pas « La Jeanne », elle doit demeurer intacte. Alors, conduisons-là une dernière fois au large et rendons-lui les honneurs, tous les honneurs et laissons la glisser lentement, seule cette fois, dans les grands fonds.


CF (R) Bertrand Galimard Flavigny

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