Durant la période médiévale, les métiers se réunirent en confréries qui s’organisèrent en corporations. Ce terme qui ne sera généralisé qu’au début du XVIe siècle vient du latin médiéval corporari, former un corps. L’association produite par la réunion des ouvriers exerçant le même métier s’appelait en effet le métier, le corps de métier ou le commun du métier. Ce mouvement apparut dès le XIe siècle pour se généraliser au XIIIe siècle. On trouve, néanmoins la trace d’un regroupement des boulangers, dès le début du VIIe siècle. Une charte de 1134 évoque les « antiques étaux » des bouchers de Paris. Les statuts des chandeliers de Paris datent de 1061. Toutes les corporations « étaient moins occupées de se développer que de prévenir la concurrence », explique un auteur ancien. Etienne Boileau, prévôt des marchands en 1254, obtint des corporations que chacune établît ses droits en les faisant enregistrer. Cela prit quatre années et il en sortit une Livre des métiers. Seuls les bouchers refusèrent de s’y inscrire. Ce registre n’est plus connu que par des copies. Les cent un métiers mentionnés comprennent ceux de l’alimentation, de l’habillement, de la sellerie, de l’armement ; du bâtiment et du bois, des ustensiles domestiques, des chirurgiens, des étuveurs et des métiers d’art et de luxe : orfèvres, patenôtriers, cristalliers ou pierriers batteurs, imagiers (sculpteurs et peintres)…
Parmi eux, figurait naturellement la corporation des gantiers qui, elle, est datée de 1190. La période des croisades apporta le goût des fragrances en Europe, on importa, notamment depuis Venise, des peaux odoriférantes destinées à la confection de vêtement et surtout de gants.
Ce fut un engouement sans nom, les eaux parfumées furent déposées partout sur tous les objets de la vie quotidienne. Mais qui donc vendait les parfums ? Les gantiers bien sûr, mais également les merciers. Ces deux corps de métiers de disputèrent le privilège de la vente des parfums. Aussi, en 1594, un édit défendit aux deux antagonistes de s’intituler parfumeurs, tout en les autorisant toutefois de parfumer leur marchandise. Finalement, en 1614, des lettres patentes octroyèrent aux gantiers seuls, le nom de parfumeur d’où la dénomination de « parfumeurs-gantiers ». ce qui fut confirmé en 1656 ; à condition que les membres de cette nouvelle corporation ne vendent dans leur échoppe que les produits qu’ils fabriquaient eux-mêmes.
L’apprentissage d’un métier était une des principales préoccupations du Livre des métiers, véritable recueil de statut des métiers. Le régime corporatif étant rigoureux, l’ouvrier libre et indépendant n’existait pas. De son patron, l’homme de travail allait hiérarchiquement aux jurés de la corporation, puis au prévôt de Paris et aux grands officiers de la couronne, maîtres et protecteurs de certains métiers.
Toute cette organisation devait voler en éclat sous le coup de la Révolution. Voulant supprimer toutes les anciennes entraves, les Constituants, dont la théorie du libéralisme économique ne reconnaissait que l'individu, décidèrent de supprimer les corporations de maîtres et les coalitions de compagnons pour donner la libre accession au patronat pour tous. Naturellement, la loi Allarde du 2 mars 1791 conçue maladroitement sous le coup d’une idéologie, créait en même temps un vide juridique dans lequel s’engouffrèrent les compagnons et apprentis pour s'organiser face à la crise économique qui commençait à faire rage. La multiplication des assignats entraînait, notamment une forte hausse des prix. Les grèves se firent de plus en plus nombreuses à Paris durant ce printemps. Libérés de la tutelle des corporations de maîtres, les compagnons et apprentis créèrent des coalitions ouvrières, dont quelques-unes comme celle des compagnons charpentiers qui tentèrent d'imposer un tarif aux patrons. La bourgeoisie constituante réagit aussitôt. L'avocat rennais, député du tiers état, Isaac Le Chapelier, fit voter, le 14 juin 1791, une loi qui portera son nom. L'homme qui présida l'assemblée la nuit du 4 août, interdit toute association entre personnes d'un même métier et toute coalition ouvrière. Maîtres et compagnons ne pouvaient nommer de présidents, secrétaires ou syndics et "prendre des arrêtés sur leurs prétendus intérêts communs". En clair, grèves et syndicats étaient prohibés; la liberté du travail l'emportait sur la liberté d'association.
Cela me fait songer que bon nombre de "job" sont à portée de main, même à l'étranger. Il suffit de se rendre sur www.jooble.org et de voir le monde s'ouvrir clef en main.