mercredi 31 décembre 2014



Conte du Nouvel an
UN CHANT SOUS LE TANK WATER

              Elle pousse la porte en métal qui, avant de heurter le muret avec un claquement prolongé, grince comme un instrument à cordes que l’on accorde. Headley, essoufflée d'avoir gravi le petit escalier, bondit sur la terrasse. Elle ajuste machinalement une longue mèche de cheveux qui dans le mouvement s'allie avec un rayon de lune. La jeune femme frissonne sous l’action du froid, rabat son bonnet sur ses oreilles, resserre le col de sa parka et se frotte  les mains protégées par des gants. Les rumeurs de la ville lui parviennent étouffées, parfois rompues par les sirènes des camions des pompiers, des ambulances ou des voitures de police. Le sol est gelé, la neige tombée la veille s’est tassée et forme une croûte qui ne demande qu’à se transformer en patinoire. Elle se dirige à petits pas précautionneux vers la rambarde au-dessus du vide. En bas, tout en bas, elle devine ces objets qui se faufilent les uns entre les autres, éclairés par leurs phares qui s’entrecroisent dans une débauche de lueurs, tandis que des silhouettes minuscules courent tout autour dans un apparent désordre. La cacophonie monte jusqu'à elle et semble s'ordonner comme si un orchestre invisible jouait une symphonie, un morceau de musique qu'elle reconnaît pour l'avoir interprété elle-même au piano. Elle dodeline de la tête et de ses doigts battent les mesures... Tout son corps s'anime possédé par les notes qui s'entrechoquent en elle. I got a  rhythm. Cet air fait partie de son anthologie personnelle d'autant plus qu'elle a appris que George Gershwin l'avait composé pour une comédie musicale intitulée Treasure Girl, le surnom que lui donne son père. Elle sourit en songeant au personnage le plus souvent plongé dans ses pensées et qu'elle ne cesse de bousculer pour tenter de le rappeler à la réalité et surtout de l'écouter. Elle n'a toujours pas lu ses livres. Ce n'est pas encore le moment. Elle conserve un exemplaire de chacun de ses titres qu'il lui avait dédicacés en bloc, un soir de peur de ne jamais pouvoir le faire s'il lui arrivait quelque chose. Headley avait été émue par ce geste, tout en prenant conscience qu'il pouvait disparaître sans crier gare. 

             Les water tanks, gros tonneaux coiffés de leur chapeau pointu blanchi, dans une demi-pénombre,  ressemblent sur les immeubles voisins, à des gardes venus d’une autre planète, figés, non par le froid, mais par un magicien coléreux. Sur les rebords des fenêtres, plus bas, des blocs de neige demeurent accrochés comme des coussins oubliés. Headley relève la tête et regarde autour d’elle ; elle est sur les toits de la ville, comme dans un champ, mais dépourvu d’arbres. Comment les oiseaux pourraient-ils chanter s’ils ne peuvent se poser ? Elle soupire, ferme les yeux et sourit en fredonnant les paroles de la chanson.  I got daisies/ in green pastures. Elle hausse les épaules en poursuivant : « j’ai attrapé un homme que demander de plus ? » Son père, justement se moque gentiment d’elle, en lui disant que l’élu surviendra sans qu’elle s’y attende. « Il doit te surprendre », a-t-il ajouté.

              Round my door/ I got starlight/ I got sweet dreams. Il est vrai que les lueurs des étoiles alimentent ses rêves, depuis qu’elle a franchi cette porte si malaisée à ouvrir. Headley aime se réfugier ici, par tous les temps. Dans quelques instants, elle redescendra chez elle, se changera et s’apprêtera en revêtant une robe bleue aux reflets moirés dans laquelle, elle se sent belle. Au douzième coup de minuit, elle poussera des cris de joie comme tout un chacun, en souhaitant les plus beaux vœux aux uns et aux autres. Que se souhaiter pour elle-même ?  I got my man/ Who could ask for anything more ? chantonne-t-elle encore.  Se décidera-t-il, cet homme ?  Rien n’est moins sûr avec lui. 
                   La jeune femme se rapproche du water tank. Le gros animal ronronne et… gargouille. Son amie Marie, un Française lui disait qu’elle imaginait que ces réservoirs pouvaient contenir de l’encre et que tous les poètes se réuniraient autour de lui afin  d’y puiser de quoi alimenter leur stylo et leur inspiration. Et pourquoi pas un ballet ? De l’autre côté de l’avenue, une lueur se promène autour du water tank voisin. Headley ne parvient pas à distinguer qui joue ainsi avec la lumière. Une silhouette se détache projetée grandie sur la surface boisée. Elle glisse déformée, disparaît dans les poutrelles métalliques qui soutiennent le réservoir, resurgit et la jeune fille soudain illuminée par la lampe, reconnaît la voix qui chante vers elle avec force :  I got my girl/ Who could ask for anything more

mardi 23 décembre 2014



Conte de Noël
MON BATEAU PERDU

             Du Grand Bé, je m’imaginais à la proue d’un navire. Derrière moi, Saint-Malo s’éloignait et,  battu par un vent de terre, je devinais une grand voile se gonfler et voyais un foc se raidir comme si un souffle plus violent avait décidé de le maintenir ainsi. Je commandais à mon compagnon, le seul habitant de l’île qui réside ici depuis plus d’un siècle et demi, de m’aider à le border au plus serré. Je m’élançais vers le large, plein est. François-René • était le témoin de tous mes rêves et même de mes premiers émois amoureux. Je n’avais pas hésité à lui présenter Gwendoline, ainsi nommée parce que ce nom sonnait et rimait avec cristalline. J’appris plus tard qu’il signifiait « pur » ou « blanc » et « anneau ». De quoi enchanter l’adolescent que j’étais alors. C’était l’année où mes camarades ne cessaient d’évoquer la « mustang » pilotée par Jean-Louis Trintignant, en  chantonnant « chabada, bada » tout en mimant des essuie-glaces qui poursuivaient inlassablement leur course sur un pare-brise imaginaire. Moi, à l’ombre de la  croix de granit qui marque la tombe du poète, je croyais l’entendre déclamer : «  J'aime à créer des mondes enchantés /Baignés des eaux d'une mer inconnue. ».
             Réfugié, avec mon amie, dans ce qui peut passer pour une grotte, juste en dessous de la plate-forme de la tombe du grand homme, je récitais des petits vers de  ma composition dans lesquels je la chantais elle et la mer ; me penchant vers son visage, je lui demandais « Que voit-on dans ton regard ? De la mer, beaucoup de tempête que colore un peu d’or… » Elle souriait indulgente ou charmée et nous bondissions sur les rochers glissants que la marée commençait à recouvrir. Nous nous enfuyions frôlant à chaque fois l’abîme. Je lui disais qu’un jour je retrouverais mon bateau et que nous franchirions des mers si lointaines que nous aborderions des îles encore inconnues.
             Oui, j’avais perdu mon bateau. Ô ! un tout petit voilier à la coque couleur bleu tendre et à la quille peinte en rouge. Une minuscule barre permettait de faire pivoter le gouvernail. Le pont était lisse dépourvu de dunette. Il était bien rustre mon bateau. Nous l’avions lancé, non pas à la mer, mais dans le bassin du jardin du Luxembourg, avec Grand-père. Il l’avait façonné de ses mains. Cela, je l’ignorais, car j’avais découvert mon voilier, un matin, encore ensommeillé, mais émerveillé, sous le sapin de Noël. Ses branches clignotaient ; dans la crèche sur la cheminée du salon, l’Enfant Jésus que nous avions déposé, la veille, en rentrant de la messe de Minuit, mes sœurs et moi, semblait me sourire en me disant : « Tu le vois, ton vœu a été exaucé. Je t’ai apporté ton bateau ». J’ai vogué à son bord, tantôt en solitaire, tantôt accompagné de mousses que j’embarquais cérémonieusement pour des campagnes dans le bassin du Luxembourg, celui des Tuileries, et plus loin encore sur le Grand Canal du château de Versailles. Ces étendues d’eau parcourues par de faibles risées avaient la valeur de mers et d’océans. Marc, le meilleur courait gaffe à la main, tandis que Marie s’affairait avec son pinceau afin que l’on se souvienne, disait-elle, de nos expéditions. J’ai conservé l’un de ses dessins. Il m’a aidé à me rappeler les traits de mon bateau disparu. Il n’a pas sombré, je le sais. Il a, par un jour de grand vent, brisé son aussière, arraché l’ancre et s’en est allé seul, cette fois, vers ces mers inconnues avant d’échouer sur le rivage d’une île lointaine.
             Tandis que l’ Hanternoz, ce vent du Nord ou de minuit bouscule les branches et les massifs dans le jardin tout en frappant les vitres, je contemple la mer qui n’a pas encore accueilli la nuit. Derrière moi, les enfants, Léandre et Aliénor les petits,  tournoient autour du sapin et tendant à Diane, la grande, les boules rouges, dorées ou argent et les mille accessoires décoratifs qui vont le décorer. Pendant que je hisse la petite dernière à la hauteur de la pointe de l’arbre afin qu’elle y fixe l’étoile, je songe encore à mon bateau disparu. « Grand-père », lance le bonhomme qui s’est saisi d’une paire de jumelles et regarde vers le large. « Grand-père ! – oui, c’est moi maintenant – regarde, il y a un bateau qui s’approche. Il ressemble à ton dessin dans ton bureau ».  Il ne croit pas si bien dire, Léandre ; dans l’armoire,  parmi les autres, un gros paquet lui est destiné. Sous les papiers et les rubans, l’objet ressemble vraiment au dessin.
                                       
Chateaubriand a été inhumé en 1848 sur l’île du Grand Bé au pied des remparts de Saint-Malo. Inhabitée, l’île est accessible à pied lors des marées basses.



Conte de Noël
TU BÂTIRAS ICI UNE PETITE CHAPELLE


Là-bas, derrière les hautes haies, sur la petite colline, une fontaine a soudain jailli au bord du chemin. On lui a donné le nom de Saint-Martin, en souvenir de l’évêque de Tours qui, dit-on, passa par ici. Sans doute revenait-il d’une visite qu’il avait faite à son ami Hilaire, évêque de Poitiers ? La route ne devait pas être dans un bel état en ces temps anciens, on prétend que l’ancien circitor qui n’était désormais habillé que par la moitié de son manteau, après qu’il en eut donné l’autre partie à un pauvre hère, eut soif et fut guidé vers cette eau qui sortait de la terre. Si la légende perdure quant à son passage, elle tient davantage aux histoires que se racontaient les lavandières. Celles-ci profitant de cette eau coulant en abondance firent bâtir un lavoir. Et durant des années et des années, on entendit dès le printemps et jusqu’à la fin de l’été,  leurs rires et leurs saillies mélangés aux claques des battoirs s’abattre sur le linge humide. A l’exception d’un jour, où soudain, ces joyeuses ritournelles cessèrent d’un coup. Il y eut un grand silence, les oiseaux qui n’hésitaient pas à se mêler des folles conversations, s’étaient tus. Les bovins dans les prairies voisines avaient suspendu leurs meuglements, les chevaux eux-mêmes avaient arrêté leurs cavalcades. Le vent qui caressait doucement, en cette basse saison qui annonçait déjà l’automne, semblait s’être assoupi. Seule la clarté du jour s’était faite plus intense. Oh ! les bonnes femmes n’avaient pas été saisies de crainte, elles s’étaient figées, le cœur battant comme à l’annonce d’une heureuse nouvelle.
             Elles avaient vu surgir du chemin, marchant tranquillement dans les ornières encombrées de cailloux et d’herbes encore sèches, une jeune femme vêtue d’une simple robe blanche galonnée de bleu. Le châle qui la  couvrait était composé de la même étoffe tissée avec les fils les plus fins que l’on puisse connaître. La dame souriait tout en s’approchant des lavandières toujours à genoux dans leur carrosse duquel dépassait une bonne épaisseur de paille. Elles avaient toutes tourné la tête vers l’apparition. Elle s’arrêta, et avec une voix douce, leur demanda quelle était la direction de la petite chapelle d’Oroux. Les femmes se regardèrent les unes les autres et haussèrent les épaules en signe d’ignorance. La plus hardie se releva de sa caisse en bois rongée par les jets de cendre avec laquelle on frottait  le linge, et proposa à la dame de l’accompagner vers le château d’Oroux, tout en lui disant qu’elle y connaissait une grande chapelle attenante au logis principal, mais pas du tout de petite chapelle. La si belle visiteuse acquiesça, remercia la compagnie et suivit la paysanne qui lui dit se nommer Élisabeth. « Ah, comme ma cousine ! », lui dit la dame, d’un air amusé, avant de se désigner : « Je suis Marie ».
             A ce moment, un vol d’oiseaux de toutes les espèces tourbillonna au-dessus de la scène, ceux qui étaient demeurés sur les branches reprirent leurs chants, les animaux lancèrent à leur tour leurs cris, le vent en profita pour recommencer ses caresses dans les feuillages. Les chevaux hennirent et l’on entendit même braire un troupeau d’ânes parqué non loin de là. Les femmes n’osaient s’avouer qu’elles avaient reconnu la bonne Dame. Pendant ce temps, Celle-ci guidée par la jeune Anne descendait le chemin, suivant la rivière de l’Altrère. Elles aperçurent déjà les tours carrées de la maison. En chemin, Marie saisit les boutons d’un rosier blanc et les garda dans sa main.
                                               °                 °
             Raphaël, réfugié dans son bureau, entendait dans la grande salle, les enfants se chamailler. Ils avaient, ce matin, décoré le sapin, installé la crèche, convenu que ce serait la plus jeune qui déposerait cette nuit, l’Enfant-Jésus dans la mangeoire. Se retournant, il aperçut une curieuse lueur, de l’autre côté de l’étang. Il décida d’y aller voir. Il crut deviner les contours d’une petite bâtisse qui ne pouvait évidemment pas exister. Un rosier aux corolles blanc éclatant se dressait à la croisée du chemin et du ruisseau. Il entendit,  sans voir quiconque,  le rire d’un enfant et la voix douce d’une mère ;  puis une voix, cette fois s’adresser à lui : « Tu bâtiras ici, une petite chapelle, et tu Nous y accueilleras l'Enfant et moi,  au prochain Noël ».
                             

lundi 1 décembre 2014

La Semaine de MAGISTRO Au-delà des appareils et des discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, 
 (www.magistro.fr/ )

Un impôt sur les vices

"La chasse aux recettes" est un jeu difficile et périodique. Tous les régimes au cours de toutes les époques ont cherché les moyens les plus inavouables pour tenter de boucler leur budget. L’impôt n’a jamais été populaire ; le sujet puis le citoyen, est conscient que sa cotisation est nécessaire au fonctionnement de la marche de l’État. À condition de ne pas voir sa participation être précipitée dans un trou sans fond, sans d’autre effet que d’exiger qu’il soit sans cesse alimenté. Il apparaît en effet que depuis quelques mois, ceux qui dirigent aujourd’hui la France n‘aient d’autre occupation que de ramasser ce que contient le porte-monnaie du Français. Que restera-t-il lorsque ces bourses seront définitivement aplaties ?

Comme je suis finalement un bon citoyen et que je suis navré de constater que nos efforts financiers sont toujours en situation d’échec, j’ai cherché une manière d’aider les fonctionnaires de Bercy, en leur donnant une idée pour découvrir de nouvelles sources de revenus. Pourquoi ne pas leur proposer une substitution ? Plutôt que de taxer les biens, pourquoi ne pas imposer les vices ?

Dans une chronique parue au XVIIIe siècle  sous le règne de Louis le Bien-aimé, un certain abbé Gabriel-François Coyer (1), affirmait avoir "découvert la  pierre philosophale". Selon lui le parjure, la médisance, le larcin, l’infidélité conjugale, les dettes, les petites maisons seraient des sources de revenus inépuisables.
"À 7 sols et 6 deniers, le parjure, est-ce trop ? Cent mille personnes y succombant chaque jour rapporteraient 35 000 livres, soit sur une année : 19 215 000  livres. À 3 sols la médisance pour un million par jour, le revenu s’élèverait à 54 900 000 livres l’an. Mais précisait l’abbé Coyer comme la médisance est naturelle au féminin, cette taxe risquerait de condamner les dames au silence perpétuel. Alors, réduisons la taxe de moitié, soit 27 450 000 livres. Les mentalités ayant évolué, la médisance est désormais habilement partagée entre les sexes, je suggère de ne pas la diviser de moitié.
A raison de cent mille vols par jour, taxés chacun de 20 sols, le compte se gonflerait de
36 600 000 livres par an. Quant aux infidélités l’abbé  les chiffrait à 50 000 par semaines afin de les taxer 1 livre et 10 sols, ce qui rapporterait la 3 900 000 de livres par an. "Pourquoi un chiffre si peu élevé ? Paris donnant l’exemple il est bon qu’elle ne soit pas gênée dans ses leçons, afin que le reste du royaume, en les pratiquant, rende davantage au trésor public."
Et l’abbé Coyer examinait les dettes. "Puisque cela est, en France, un titre de noblesse, taxons-les", affirmait-il. Reconnaissons que cela n’est pas toujours vrai, il était prêt à exempter les dettes de jeu et les sujets qui donneraient 10 000 livres par an aux pauvres. Les débiteurs taxés ne seraient plus ainsi que cent mille ; mais leur vice rapporterait, à raison de 10 sols le débit 18 300 000 livres par an.
Enfin, pour avoir une grande maison, il ne faut que 30 000 livres de rente. Les trains des petites maisons exigent en revanche 100 000 livres à bon marché, calculait-il. Il convient donc de les taxer. Ceci rapporterait 680 000 livres par an. Cela, les gens de Bercy n’ont pas attendu l’abbé Coyer, pour se jeter à la fois sur l’immobilier et sur, non pas le train, car cela ne se dit plus, mais sur les aides ménagères, maternelles, bref tout ce qui aide les familles.

La valeur de cette nouvelle pierre philosophale s’élèverait donc à 100 614 000 livres l’année ; somme non négligeable si l’on songe que le produit du "Dixième" rapportait à l’époque cent millions de livres. A la suite de ces différents calculs, l’abbé polémiste estimait que la taxe sur les vices pouvait tenir lieu de tout impôt (l’excèdent de 614 000 livres étant destiné à payer les employés de la nouvelle ferme). Et, ajoutait-il, "en taxant les vices au lieu des ces biens, il n’y aurait de taxés que ceux qui voudront bien l’être."  Le seul risque de cette imposition serait qu’il parvienne à corriger la nation et ainsi tarir les ressources des fonds publics. Aucun risque, affirmait le législateur fantaisiste, "cela n’arrivera jamais".

Ce système fait rêver. Voilé enfin la probité rendue gratuite. Qui donc pourrait l’obtenir aujourd’hui ? Le parjure, la médisance, le larcin, l’infidélité, les dettes ne sont-ils pas  monnaie courante ! Je n’ose pas ajouter, de peur d’être taxé pour avoir exprimé de l’antiparlementarisme (10 livres et 5 sols), davantage du côté des hémicycles. Quoi qu’il en soit les technocrates du quai de Bercy pourraient peut-être consulter l’abbé Coyer ?


(1) L'abbé franc-comtois Gabriel-François Coyer (1707-1782) entra dans la Compagnie de Jésus qu’il quitta au bout de huit ans. Il fut le précepteur du duc de Bouillon puis du prince de Turenne. Il se révéla comme écrivain en 1748 avec ses dissertations, réunies en 1754 sous le titre ''Bagatelles morales'' où il faisait avec humour le procès des mœurs de son temps et qui lui firent alors la réputation d'un auteur original et spirituel, mais quelque peu frivole‎.