samedi 8 janvier 2011

LE COQ MARIN/ COURTE PERPÈT

Le français est l’une des langues dont les nombreuses nuances expriment la précision. Le vocabulaire juridique, par exemple qui semble à beaucoup, être un jargon incompréhensible, est ainsi formé qu’il ne permet aucune faille. La preuve en est, qu’un mot oublié ou modifié entraîne la cassation d’un jugement ou d’un arrêt. Les conséquences en sont parfois dramatiques lorsqu’un individu soupçonné d’un crime est ainsi remis en liberté.
Les termes judiciaires sont parfois modifiés, suivant une évolution de la société ou sous l’influence de quelque idéologie. Nous avons vu disparaître l’inculpation au profit de la « mise en examen », car l’on considéra à l’époque, en 1993, que la première désignation laissait croire à une culpabilité.
Un criminel récidiviste a été, récemment, « condamné à une peine de réclusion à perpétuité, avec 22 ans de période de sûreté », pour la tentative de viol et le meurtre d’une jeune femme dans une voiture d’un RER. L’individu ayant accompli 3 ans de détention en préventive, voit cette peine ramenée à 19 ans. Nous disons bien 19 ans, car, contrairement à une croyance populaire, la détention en préventive, ne « compte pas double ». Les magistrats ont appliqué la Loi et condamné ce criminel à la plus haute peine prévue par le code pénal.
Une partie du public se montre choqué par l’interprétation du mot perpétuité qui ne correspond plus à sa définition : « Durée sans interruption, sans discontinuation », selon le Dictionnaire de l’Académie française. Quoique le Robert y apporte une nuance : « Durée infinie ou indéfinie et par extension, très longue ».
En dehors de ces querelles de langages, c’est néanmoins le résultat de la chose jugée qui n’est pas perçu comme il devrait l’être. L’abolition de la peine de mort a contraint le législateur à mettre en place une peine de substitution, il a naturellement choisi la perpétuité. Or celle-là ne l’est pas en réalité, du moins ne semble pas être un remplacement de la peine capitale, d’autant plus que cette perpétuité est assortie de sûreté, ce qui signifie bien que cette peine n’est pas perpétuelle.
Quelle solution apporter à ce problème, me direz-vous ? Lorsque nous entendons que tel individu qui commis tel ou tel crime enquiert la perpétuité, nous haussons malheureusement les épaules. Comme le soulignait le père de la jeune femme assassinée, « la perpétuité, c’est nous qui la subissons ».
Autant nous sourions lorsque nous apprenons qu’un escroc, aux Etats-Unis, est condamné à 125 ans de prison, autant nous ressentons un certain abattement face à une peine d’à peine 20 pour un crime horrible.
Cette « perpet soldée » relève d’une idéologie qui a affadit notre vocabulaire. Ne pas dire ce qui pourrait fâcher. Dans ce cas, supprimons la peine de prison à perpétuité et que le code pénal affiche une grille précise.

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