L’ARMÉNIE ET LES HOSPITALIERS DE SAINT-JEAN
DE JÉRUSALEM
Lord Byron a contribué a faire connaître la
culture arménienne. Mais sait-on qu’au début du quatorzième siècle, les
Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dits les chevaliers de Rhodes
portèrent secours à la Petite Arménie attaqués par les Mamelouks.
« Il n'existe pas d'endroit sur
notre planète aussi chargé de merveilles que l'Arménie. Si amer qu'ait été son
destin et quel que soit son avenir, ce pays doit être l'un des plus intéressants
qui soient dans le monde », écrivit George
Byron qui contribua à faire connaître la culture arménienne en
Europe. Le poète avait découvert, lors de son séjour à
Venise, les moines mekhitaristes sur l'île de San Lazzaro et à travers
eux, la culture arménienne. Il apprit l'arménien et se passionna au point
d'écrire une Grammaire anglaise et arménien puis une Grammaire
arménienne et anglais, incluant des citations d'œuvres arméniennes modernes
et classiques. Il travailla également à l'élaboration d'un dictionnaire
anglais/arménien, rédigeant pour lui une préface sur l'histoire de l'oppression
des Arméniens par les pachas turcs et les satrapes perses. Il traduisit
également, entre autres, deux chapitres de l'Histoire
de l'Arménie de Movses Khorenatsi ou Moïse de Khorène (410-490). Cette histoire intègre les traditions orales
de l’Arménie païenne, depuis ses origines jusqu'au Ve siècle.
Elle a valu à Moïse le titre de
« père de l'histoire arménienne ».
Cet ouvrage a été imprimé en caractères arméniens, à Venise, en 1827 et orné
de gravures hors-texte par Rizzard et Bozza.
L’Arménie
est devenue chrétienne à partir de l’an 301. Celui qu’on appelait le royaume
d’Arménie de Cilicie ou Petite Arménie, en opposition à l’Arménie proprement
dite, installé au sud-est de l’Anatolie, fut fondé vers 1050, par des réfugiés
arméniens fuyant l'invasion seldjoukie de leur pays. Ce royaume convoité par les
Perses et les Byzantins ne cessa d’être au cœur de luttes religieuses.
L’arrivée des croisés dans la région lui permit d’être érigé en royaume vassal
du Saint-Siège et de l’empire d’Allemagne, en 1198. Il faisait ainsi partie des
royaumes latins d’Orient. Mais cinquante ans après la chute, en 1291, de Saint-Jean d’Acre, il fut mis en
difficulté par les « Sarrasins d’Égypte » (les Mamelouks). Le
souverain de l’époque, Constantin V - un
Lusignan - lança un appel à l’aide aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem,
installés sur l’île de Rhodes depuis 1310. Leur grand-maître était alors Hélion
de Villeneuve (1319-1346), mais ce dernier devait mourir peu après. Son successeur,
Dieudonné de Gozon († 1353) qui s’était
distingué, alors qu’il était jeune chevalier,
pour avoir tué un dragon (en fait un énorme crocodile), s’élança malgré
son grand âge, au secours du « royaume ami ». « Il équipa une flotte fur laquelle il fit embarquer un corps
considérable d’infanterie, avec un nombre des plus braves chevaliers »,
rapportent les chroniques de l’Ordre. « Ces troupes se joignirent aux Arméniens, & bientôt on en vint aux
mains avec les ennemis. Le combat fut long et opiniâtre », écrit Jacques Bosio,
le premier historien de l’ordre dans son
Istoria della Sacra Relgione ed illustre
milizia di S. Gio Gerosolimitano, (Rome, 1594-1602). « Les Sarrasins
ne croyaient d’abord avoir affaire qu’aux Arméniens qu’ils avaient battus plusieurs fois ; mais lorsqu’ils
s’aperçurent de la présence des chevaliers de Rhodes, ils leur tournèrent le
dos. » Bosio comme J. Baudouin, dans l’Histoire des chevaliers de l’Ordre de S.
jean de Jérusalem (Paris, 1659) et l’abbé de Vertot, l’auteur de L’Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem,
appelez depuis chevaliers de Rhodes et aujourd’hui chevaliers de Malte (Paris,
1726), se sont accordés pour
constater qu’il en (les Sarrasins)périt la meilleure partie dans la chaleur du
combat ; les Chrétiens prirent tout
leur bagage, & les Chevaliers ne quittèrent l’Arménie qu’après en avoir
entièrement chasé les Sarrasins.» C’est ainsi que Gozon prendra le nom de «
protecteur de l’Arménie ».
Mais,
en 1375, après la prise de la ville de Sis par les Mamelouks, le roi Léon VI de
Lusignan, fut fait prisonnier. Les envahisseurs détruisirent le dernier noyau
chrétien de la région. À partir de cette époque, d’interminables guerres
bouleversèrent la région.
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