mercredi 22 décembre 2010

Conte de Noël



L’ANGE D’OROUX


Un petit bruit de pas à l’étage au-dessus, rompt le silence. Tout était trop calme. Pas un son à l’extérieur, comme si la nature ne parvenait pas à quitter le sommeil. Pas même le battement des ailes des canards s’élevant au-dessus du petit étang. Le vent s’est réfugié dans les hautes herbes qui l’entourent voire dans ce qui reste du feuillage des peupliers à la lisière du parc. Là-haut, le parquet craque. Les enfants se sont levés. Ils sautillent d’une chambre à l’autre. Il doit être très tôt, la lumière ne vient pas frôler les paupières de Jean. Celui-ci risque un coup d’œil, s’attendant à plonger dans la pénombre ; il s’est trompé, le jour tente de se faufiler à travers les interstices des volets. Quelle heure peut-il être ? Pas trop tard tout de même. Il se rendormirait bien, tout au moins resterait coi sous l’édredon.
La maison était bien froide lorsqu’ils sont arrivés la veille. Une flambée dans la cheminée de la grande salle, après avoir couché les enfants déjà endormis pour les plus petits, les a réunis serrés sur le canapé ou vautrés dans les fauteuils, une tasse chaude dans la main. Les brindilles et les bûches craquaient dans les flammes laissant échapper des flammeroles brûlantes heureusement arrêtées dans leur élan par le gros pare-feu.
Le passage d’un cheval au trot à l’arrière de la maison trouble le calme qui pesait dehors. Raphaël a déjà scellé Zurito, son étalon préféré. Jean repousse les couvertures et pose les pieds sur le tapis, d’un pas rapide il se dirige vers l’une des fenêtres et tire les volets intérieurs. Le temps est gris, on sent le froid. La neige est faiblement tombée cette nuit ; quelques flocons descendent timidement avant de s’effacer dans la cour. De l’autre côté, il aperçoit Zurito s’éloigner vers les champs ; sa robe se confond avec la nappe blanchâtre qui les recouvre.
Les enfants sont déjà tous réunis en bas. Ils sautent vers leur père ou oncle en poussant des cris, s’agrippant à lui, sachant qu’il ne se défendra pas sous cet assaut. La plus jeune, Marie, entoure de ses petits bras, ses jambes, la plus grande, Juliette, avec l’aide de son cousin Louis, tente de le désarçonner. Diane n’est pas en reste et le pousse par derrière. Jean est sur le point de s’écrouler lorsque la voix de l’une des mères – est-ce Pauline ou Laurence ? – intervient pour faire cesser ce chahut. En vain, le pugilat redouble et s’achève dans un effondrement général ponctué d’éclats de rire.
La maison a retrouvé un demi-calme. Les mamans sont parties faire les courses, heureuses de s’échapper complices, malgré la corvée du passage à l’hypermarché. Jean demeuré seul adulte s’est chargé avec la petite bande de dresser et décorer le sapin. Les grands sortent les santons de leur boîte, les plus petits, les boules et les guirlandes de la leur. Les baffles diffusent des Christmas songs… « Oh, regardez, il neige ! » Louis, accompagné de sa sœur se précipite vers l’une des fenêtres dans le but de ramasser des flocons. Le froid s’insinue dans la pièce à peine réchauffée. Tous veulent leur bouquet de flocons. « Où est passé l’ange ? » demande une voix. « Cherchez bien, il ne doit pas être loin ». On farfouille dans la caisse, remue les papiers de soie. L’ange est introuvable. On ne peut se passer de lui, il doit veiller sur l’étable et aller prévenir les bergers. Le sapin brille pourtant de tous ses feux colorés, clignote et remplit le rôle qui lui est alloué en cette journée. La crèche sur la desserte semble vivre comme une petite ville. Manque bien l’ange. On entend chanter O come all ye faithfull.
Chacun s’habille et se précipite dehors, on franchit le porche et court vers l’allée derrière les écuries. Au passage, on entend les chevaux racler le sol de leur box… Sans se concerter, les enfants se dirigent vers la vieille maison en ruine qui semble les attendre. Jean tente bien de les retenir se demandant quelle raison les pousse à aller se cogner, se salir, dans cette masure encombrée de détritus et de meubles brisés ? Une lumière pâle pénètre à travers les linteaux évidés et des fenêtres brisés. Dans la cheminée dont les briques noircies par un feu à jamais disparu, la cendre accumulée depuis des lustres semble rougeoyer encore. Chacun s’approche irrésistiblement attiré, les plus petits serrant la main des plus grands. Juliette et Diane n’osent plus avancer. Jean saisit de vieilles pincettes rouillées et fouille dans cet amas grisâtre. Elles heurtent quelque chose de dur : une statuette. « Oh, un ange ! » s’exclament-ils tous ensemble. Il est en plâtre et curieusement immaculé. C’est l’Ange d’Oroux qui avait disparu depuis longtemps de la crèche de l’église où l’on ne célèbre plus la messe qu’épisodiquement. Ce soir justement, un prêtre s’est annoncé.


Bertrand Galimard Flavigny
2010

mardi 21 décembre 2010

LA PRINCESSE ET LA PEUHL


« Au hasard de mes nombreux voyages sur le vieux continent, j’ai recueilli des impressions multiples, des senteurs, de la chaleur, du dégoût, de la passion. De cette terre souvent rouge, monte, comme d’un foyer oublié, des effluves qui assaillent celui qui sait saisir à pleine main cette glaise lourde et riche. Ma première impression de l’Afrique est une odeur. Un parfum lourd et sucré composé de pourritures et de poussière. Les hommes sont venus ensuite. Avec eux, j’ai cherché l’eau et décrit la sécheresse ; courbé la tête, frôlé les guerres et raconté les conflits ; erré dans le sable et rapporté l’histoire des réfugiés ; pris mon ventre à deux mains et vanté les hôpitaux de brousse ; palabré, ricané en entendant les hommes politiques et retranscrit des entretiens avec des hommes d’Etat ; goûté la saveur du soir et rêvé. De l’Ouest à l’Est, j’ai amassé tout cela, sans ordre de la même manière que l’on dépose des souvenirs dans sa vieille valise favorite couverte d’étiquettes que l’on ne peut plus utiliser car devenue malcommode ».

LA POIGNEE DE PORTE


Comme regarder à travers le trou d’une serrure, tourner une poignée de porte n’est jamais innocent, d’autant plus qu’elle ouvre sur une pièce oubliée.
Les personnages qui peuplent ces histoires étranges sont confrontés, malgré eux, au temps qui les enveloppe, les rattrape, les transporte dans un ailleurs qui reste pourtant le leur. L’auteur joue avec les époques et les lieux, il raconte des aventures qui auraient pu lui arriver comme à chacun d’entre nous. Ses carnets de voyage deviennent ainsi des rencontres, pas celles que l’on croit : celles qui nous projettent dans un ordinaire parallèle, extraordinaire. .

samedi 18 décembre 2010

LE COQ MARIN/LA MAISON DE L’HISTOIRE DE FRANCE EXISTE DEJA

Pour bâtir une maison, il convient de trouver d’abord un terrain, puis cela fait, de creuser les fondations et ensuite dresser les murs. Le reste doit venir tout seul. A condition, naturellement, de bien suivre les plans qui auront été auparavant établis. Un b.a b.a que tout entrepreneur se garderait bien de bousculer. Le cas de la « Maison de l’Histoire de France » est un peu différent. Il semblerait qu’il ne s’agisse pas de la construire puisque l’on envisage, semble-t-il, de la placer dans des murs déjà existants. On a évoqué, le plus souvent, parmi plusieurs hypothèses, l’hôtel de Soubise qui abritait encore récemment les Archives de France. Une histoire dans l’Histoire en somme.
Puisque murs il y a déjà, devrions-nous parler de mobilier ou d’aménagement, peut-être de décoration ? Il est vrai que dire « Meubles de l’Histoire de France » ferait par trop rangement. Or si de nombreux évènements de notre Histoire reposent pour l’heure dans des placards, on n’envisage tout de même pas de les fourrer, ces placards, avec ce qu’il en reste à l’extérieur.
Le terme aménagement n’est pas dans danger, car des architectes d’intérieur, dûment mandatés, pourraient placer çà et là tel ou tel « Meuble d’Histoire » en le privilégiant plutôt qu’un autre. Décoration ? Ce critère conduirait un organisateur à mettre en avant l’esthétique de certaines scènes de notre Histoire. Le dilemme est d’importance. Imaginer une Maison de l’Histoire de France revient à célébrer la gloire de notre pays.
La gloire ? Non. Toutes les gloires. Dans ce cas, pourquoi chercher à bâtir cette maison de l’Histoire, car elle existe déjà, et cela depuis près de deux cent soixante-dix ans. Mais où cela, nul n’en a parlé, l’a-t-on oubliée ? Louis-Philippe Ier, roi des Français, y avait songé le premier et y avait fait inscrire à son fronton la dédicace : « A toutes les gloires de la France ». Mais où donc ? La véritable Maison de l’Histoire de France est dans le château de Versailles.

mardi 7 décembre 2010

Ce n'est pas moi qui l'écris! C'est un blog ami! // Guide des saints et de leurs attributs


LU SUR UN BLOG AMI A PROPOS DU
GUIDE DES SAINTS ET DE LEURS ATTRIBUTS
- Reconnaître et identifier plus de 600 figures chrétiennes -
"Il est à parier, qu’à l’exemple de Saint Laurent et sa grille, saint Cécile et sa harpe, saint Jérôme et son lion, Oreste ait hérité d’un attribut qui nous permette de le reconnaître. Serait-ce un gyrophare ? On douterait à moins. On pourra toujours s'en assurer en filant jeter un œil à une publication toute récente des éditions De Vecchi, le Guide des saints et de leurs attributs . Reconnaître et identifier plus de 600 figures chrétiennes par Bertrand Galimard Flavigny. Au format de poche, ce qui est bien pratique pour arpenter les églises parisiennes ou les musées des beaux-arts de province, cet opuscule à double entrée permet astucieusement, une recherche par nom de saint et une autre par attribut. Or, Oreste ne figure pas à l’index. Mais que sont 600 élus dans la "foule immense [d'élus], que personne n'aurait pu dénombrer, de toutes les nations, tribus, peuples et dialectes" évoquée par saint Jean dans son Apocalypse! Pour tout l'or du monde, on ne se serait pas mis à la place de l’auteur qui dut trancher dans le vif du calendrier en implorant sainte Rita d’un côté et en abhorrant le format du bouquin de l’autre. A sa décharge, le nom d’Oreste au premier abord évoque plutôt le fils d’Agamemnon, le faible frère d’Electre, le meurtrier de Clytemnestre sa man-man, la proie favorite des sœurs Erynnies avec en guest-star Mégère."

LIRE LE TEXTE ENTIER daté du 2 novembre 2010 sur www.villabrowna.blogspot.com

Bertrand Galimard Flavigny Guide des saints et de leurs attributs - Reconnaître et identifier plus de 600 figures chrétiennes.
Paris, De Vecchi, 2010.
191 pp.
In-12 broché, couvertures illustrées.

mardi 30 novembre 2010

LE PREMIER « NOSTRADAMUS »


« J’annonce vérité simplement et sans pompe,/ Et mon présage vrai nullement ne me trompe », annonce Nostradamus en guise d’exergue dans une vignette fin XVIe , le représentant marchant, le doigt levé vers le ciel tandis que sa main gauche tient un astrolabe. Michel de Nostredame est né à Saint-Rémy-de-Provence le 14 décembre 1503 dans une famille juive convertie au catholicisme. Le futur astrologue dut sans cesse fuir la peste, ce qui semble-t-il l’empêcha de soutenir sa thèse en médecine, mais non d’exercer et de s’intéresser aux confitures thérapeutiques. Au début des années 1550, il commença la rédaction de ses almanachs populaires contenant des prédictions astrologiques rédigées dans un style énigmatique. Le succès de son almanach pour 1555 lui valut d’être invité à la cour par Henri II et Catherine de Médicis, puis de quitter Paris précipitamment pour une destination inconnue.
Toujours est-il qu’en 1555 parut à Lyon, chez Macé Bonhomme, la première édition des Prophéties (in-8), qui compte les quatre premières centuries (la quatrième ne comportant que cinquante-trois quatrains). Celle-là comporte 46 feuillets. Dès lors, prophétie, almanachs et autres pronostications se multiplièrent, et rencontrèrent un immense succès à travers l’Europe. La plupart de ces éditions ont été perdues. On ne connaît que trois exemplaires de l’édition originale et un seul recueil des exemplaires des Pronostications de 1558 et 1560 (Lyon, Jean Brotot & Antoine Volant, sans date [1557 & 1559]. In-8) relié en veau brun orné par Trioullet, Successeur de Petit-Simier. Le texte se compose des prédictions générales pour l’année, suivis des présages saisonniers, du calendrier lunaire et de suivis des présages saisonniers. Il prévoyait par exemple une éclipse de la Lune, de mars, à 5 h du matin devant durer 44 minutes et une du soleil, le 21 août, à 1 h 34 minutes après-midi et devant durer jusqu’à 1 h 46 minutes. On sait qu’ils ont appartenu à l’abbé Hector Rigaux (1841-1930) dont la bibliothèque a été dispersée le 17 juin 1931, puis au folkloriste Émile Nourry, plus connu sous nom de plume de Pierre Saintyves, et ensuite à Jules Thiébaud, le bibliographe de la chasse. Ils viennent de réapparaître sur les rayons de la librairie Thomas Scheler et ont été présentés à la dernière Biennale des Antiquaires, avec trois autres exemplaires « échappés à la sagacité des bibliographes », selon le mot de Michel Scognamillo, auteur d’une élégante plaquette « Nostradamus et son siècle », présentant ces éditions antérieures à 1600 (1).
La première édition des Prophéties est sans doute l’un des livres les plus lus à travers le monde. Les deux premiers cahiers contiennent l’épître adressée par l’auteur à son fils, César de Nostredame. Le texte qualifié pudiquement d’obscur, autrement dit complètement incompréhensible, « constitue, selon Michel Scognamillo, un précieux témoignage sur la personnalité et la méthode divinatoire de Nostradamus. » L’exemplaire figurant dans le catalogue de la librairie Thomas Scheler, le seul donc encore en main privée, est relié en maroquin aubergine, orné avec pièces, bande mosaïquée, fleurons dans les angles, etc. par Thierry, Successeur de Petit-Simier.
Le personnage s’inscrit dans la lignée des devins qui jalonnent l’histoire de l’humanité. Or, des prophéties, il y en a toujours eu, depuis les oracles des Sybilles, les prophéties du fameux « Merlin l'enchanteur », sans oublier celles de Malachie et combien d’autres. Nostradamus les domine tous. Il a même prédit l’avènement de Napoléon. Témoin cet ouvrage intitulé Napoléon, Premier Empereur des Français, prédit par Nostradamus par J.P.B. (Bellaud) (Paris, Desenne et Tardieu, 1806, in-12) complété par une Notice Historique sur Nostradamus par F .d.S.M. Un exemplaire relié en plein maroquin à long grain rouge orné, attribuée à Jean-Claude Bozérian, ayant appartenu à Cambacérès, a été présenté à la vente avec une estimation de 1.000 €, à Drouot le vendredi 18 juin 2010 par la svv Kapandji Morhange assistée par Christian Galantaris. On ignore qui était ce Bellaud, mais ils furent tellement nombreux à s’intéresser aux prophéties de Nostradamus et à prendre en compte ses quatrains, y compris ses détracteurs comme La première invective du seigneur Hercules le François contre Monstradamus (sic) (Lyon, Michel Jove, 1558, in-8) que l’on a pu voir à la Biennale des antiquaires !

Nostradamus en son siècle, avant-propos de Michel Scognamillo, Librairie Thomas Scheller (HC).

mardi 2 novembre 2010

Une histoire de saints pour les reconnaître

Allons consulter ce blog : http://villabrowna.blogspot.com/ et soyons sanctifiés