dimanche 6 novembre 2016



                                UN APOTHICAIRE CHEZ LES TURCS




                        Comment un apothicaire est-il parvenu à participer à une mission diplomatique en Turquie et à séjourner et voyager au Moyen-Orient ? Pierre Belon dit  Belon du Mans (1517-1565), est aujourd’hui considéré comme l'un des plus grands scientifiques du XVIe siècle. Protégé d’abord par  l'évêque du Mans, René du Bellay, celui de Clermont, Guillaume du Prat, puis par  l'archevêque de Lyon, François II de Tournon, il put ainsi progresser dans ses recherches scientifiques. On sait qu’il devint l’élève du médecin et botaniste allemand Valerius Cordus à Wittenberg. Le plus important pour la carrière de Belon fut d’avoir accompagné Gabriel de Luetz, seigneur d'Aramon et de Vallabrègues (1508-1554,) le quatrième ambassadeur nommé par François Ier près la Sublime Porte. Il remplaçait en 1546, son prédécesseur, Antoine Escalin des Aimars. Gabriel de Luetz connaissait déjà l'Empire ottoman, car il y avait déjà rempli mission. C'est lui qui fit conclure, sous l'inspiration du pape Paul III, l'alliance entre Soliman II et le roi de France, ce qui provoqua de fortes frictions entre ce dernier et Charles Quint. Au cours de son ambassade, Luetz  accompagna Soliman le Magnifique dans sa longue et difficile campagne de Perse de 1548 à 1549. Cette  équipée a été relatée par Jean Chesneau, dans son Voyage de Monsieur d'Aramon, imprimé pour la première fois en 1500 puis en 1606 et en 1684.  Il existe une réédition publiée et annotée par Ch. Schiefer (Paris, Leroux, 1887, in-8).
                        Comme c’était l’usage, les ambassadeurs se faisaient accompagner de scientifiques. Dans la suite de Luetz on peut citer Jean de Monluc, le naturaliste Pierre Gilles d'Albi, le cosmographe André Thévet et Pierre Belon. Après trois ans de séjour (1547-49), ce dernier publia Les observations de plusieurs singularités & choses mémorables trouvées en grèce, asie, judée, egypte, arabie, & autres pays estranges, rédigées en trois livres, par pierre belon du mans. reveuz de rechef, & augmentez de figures, avec une nouvelle table de toutes les matières traitées en iceux. (Anvers, de l’imprimerie de Christophe Plantin, 1555. 1 vol. petit in 12) orné de 45 bois gravés dans le texte dont son portrait en médaillon et deux vues dont une d’Alexandrie, puis des costumes, plantes curieuses, animaux exotiques...
                        L’homme d’affaires libanais Charles Kettaneh (1904 - 1985), possédait un   exemplaire  de la deuxième édition (l’originale date de 1553) relié au XIXe siècle par E. Niedrée, en plein veau glacé, les  caissons ornés, les  tranches dorées, portant les marques contrecollées d’E. L. de Eduardo J. Bullrich, Roberti Samuelis Turner et la mention manuscrite : « Vente Turner, 1879 ». Charles Kettaneh qui possdit une bibliothèque d’environ 150 volumes remarquables et homogènes de voyages, fut aussi l’un des mécènes du Festival de Baalbek que son épouse, Aimée Kettaneh, avait cofondé en 1955. La renommée de ce festival déjà international culmina 1968 avec le concert de l’orchestre philharmonique de Berlin dirigé par le célèbre chef d’orchestre Herbert von Karajan. Mais ces activités furent  finalement si liées que le programme du festival de 1968 fut illustré par des reproductions de gravures du Wood [The ruins of Balbek otherwise Héliopolis in Coelosyria (London, 1757, 1 vol. grand infolio). 

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