UN APOTHICAIRE CHEZ LES TURCS
Comment un apothicaire est-il
parvenu à participer à une mission diplomatique en Turquie et à séjourner et
voyager au Moyen-Orient ? Pierre Belon dit Belon du Mans (1517-1565), est aujourd’hui considéré
comme l'un des plus grands scientifiques du XVIe siècle. Protégé d’abord par l'évêque du Mans, René du Bellay, celui de
Clermont, Guillaume du Prat, puis par l'archevêque de Lyon, François II de Tournon,
il put ainsi progresser dans ses recherches scientifiques. On sait qu’il devint
l’élève du médecin et botaniste allemand Valerius Cordus à Wittenberg. Le plus
important pour la carrière de Belon fut d’avoir accompagné Gabriel de Luetz, seigneur
d'Aramon et de Vallabrègues (1508-1554,) le quatrième ambassadeur nommé par
François Ier près la Sublime Porte. Il remplaçait en 1546, son prédécesseur,
Antoine Escalin des Aimars. Gabriel de Luetz connaissait déjà l'Empire ottoman,
car il y avait déjà rempli mission. C'est lui qui fit conclure, sous
l'inspiration du pape Paul III, l'alliance entre Soliman II et le roi de
France, ce qui provoqua de fortes frictions entre ce dernier et Charles Quint.
Au cours de son ambassade, Luetz accompagna
Soliman le Magnifique dans sa longue et difficile campagne de Perse de 1548 à
1549. Cette équipée a été relatée par
Jean Chesneau, dans son Voyage de
Monsieur d'Aramon, imprimé pour la première fois en 1500 puis en 1606 et en
1684. Il existe une réédition publiée et
annotée par Ch. Schiefer (Paris, Leroux, 1887, in-8).
Comme c’était l’usage,
les ambassadeurs se faisaient accompagner de scientifiques. Dans la suite de
Luetz on peut citer Jean de Monluc, le naturaliste Pierre Gilles d'Albi, le
cosmographe André Thévet et Pierre Belon. Après trois ans de séjour (1547-49),
ce dernier publia Les observations de
plusieurs singularités & choses mémorables trouvées en grèce, asie, judée,
egypte, arabie, & autres pays estranges, rédigées en trois livres, par pierre belon du mans. reveuz de rechef,
& augmentez de figures, avec une nouvelle table de toutes les matières
traitées en iceux. (Anvers, de l’imprimerie de Christophe Plantin, 1555. 1
vol. petit in 12) orné de 45 bois gravés dans le texte dont son portrait en
médaillon et deux vues dont une d’Alexandrie, puis des costumes, plantes
curieuses, animaux exotiques...
L’homme d’affaires
libanais Charles Kettaneh (1904 - 1985), possédait un exemplaire de la deuxième édition (l’originale date de
1553) relié au XIXe siècle par E. Niedrée, en plein veau glacé, les caissons ornés, les tranches dorées, portant les marques
contrecollées d’E. L. de Eduardo J. Bullrich, Roberti Samuelis Turner et la
mention manuscrite : « Vente Turner, 1879 ». Charles Kettaneh qui possdit
une bibliothèque d’environ 150 volumes remarquables et homogènes de voyages, fut
aussi l’un des mécènes du Festival de Baalbek que son épouse, Aimée Kettaneh,
avait cofondé en 1955. La renommée de ce festival déjà international culmina
1968 avec le concert de l’orchestre philharmonique de Berlin dirigé par le
célèbre chef d’orchestre Herbert von Karajan. Mais ces activités furent finalement si liées que le programme du
festival de 1968 fut illustré par des reproductions de gravures du Wood [The ruins of Balbek otherwise Héliopolis in Coelosyria (London,
1757, 1 vol. grand in‑folio).
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