L’OBSERVATOIRE
ASTRONOMIQUE DE BEIJING
Pendant
deux siècles, les Lettres édifiantes et
curieuses et les nombreux autres écrits des Jésuites constituèrent pour
l’Europe entière la principale source d’information sur la Chine. Ces religieux
devinrent, en effet, les précieux
auxiliaires de l’empereur. Le père Matteo Ricci (1552-1610) qui atteignit Beijing
en 1601, fut le premier à comprendre que
les Européens ne pourraient se faire accepter des Chinois que s’ils se
présentaient à eux comme leurs semblables en partageant avec eux une culture
commune. Il apprit leur langue, étudia les classiques, le bagage de tout lettré
et endossa le costume du mandarin. Il réussit ainsi à fléchir la méfiance des Chinois, à se faire
accepter et même respecter d’eux. On doit, notamment à ce père Jésuite, outre
les bases d’un lexicographe et d’un
dictionnaire des plantes, une carte en forme de tulipe présentant l’Empire du
Milieu… au centre et des travaux astronomiques. À sa suite, le père Adam Schall
von Belle (1592-1666) fut nommé à la tête de l’Observatoire impérial de Beijing
et devint l’un des précepteurs de Kangxi (1654-1722). Après lui, le père
Ferdinand Verbiest (1623-1688) qui arriva en Chine en 1659 connut d’abord la
prison. En 1664, les Jésuites furent en effet
condamnés à mort, pour avoir dénoncé les mauvais calculs des astronomes
chinois, notamment à propos de la date des funérailles du fils de l'empereur.
Une condamnation qui ne fut pas suivie grâce à un tremblement de terre et la
connaissance d’une prochaine éclipse solaire ! Le jeune empereur
Kangxi, impressionné, invita le père
Verbiest à un débat contradictoire sur les mérites de l’astronomie chinoise et
européenne qu’il gagna haut la main contre Yang Guangxian (1597-1669) qui
poursuivait les Jésuites de sa haine. Reconnu coupable de ne pas avoir produit
un calendrier valide, ce devin chinois fut condamné à l’exil, et en 1669, le père jésuite fut nommé président du bureau impérial des
mathématiques. À ce poste, Ferdinand Verbiest détermina les principaux points
géographiques de l’empire et dirigea les négociations qui fixèrent les
frontières de la Chine et de la Russie au cours du traité de Nerchinsk de 1689.
Il avait fait fabriquer en 1681, plus de quatre-cents canons. C’est à lui que
l’on doit surtout le remplacement et le
perfectionnement des instruments en bronze de l’observatoire de Beijing qui
avait été construit en 1442 sous la dynastie Ming (1368-1644) sur une terrasse
carrée située sur le fortifications de Beijing. Ils comprennent une sphère
armillaire, un quadrant, un théodolite, un sextant et un astrolabe. Ce n’est
pas à notre honneur, les Français comme les Allemands s’emparèrent de ces
objets en 1888, mais les rendirent à la Chine après la fin de la Première
Guerre Mondiale.
Ces
instruments présentés à l’empereur Kangxi, le 6 mars 1674, ont été reproduits
grâce à des gravures sur bois, dans un ouvrage en deux volumes (petit-in-folio
– 395 x 199 mm) intitulé Ling-t’ai
I-hsiang t’u que l’on peut traduire par « Collection d’instruments
astronomiques nouvellement fabriqués ». Cet ouvrage qui comprend 106
doubles pages dont 105 illustrées, a été imprimé sur un papier fin de Chine
blanc, recouvert d’un papier de soie jaune doré. Il s’agit, explique Stéphane
Clavreuil qui le présentait à Maastricht lors de la dernière Tefaf, de la
première édition imprimée par les Jésuites à Beijing, destinée au marché
chinois, sans doute destiné à l’empereur et aux fonctionnaires de
l’observatoire.
Il existe
une version européenne de cet ouvrage, le
Liber organicus astronomia europae… (Dilingen, Johann Caspar Bencard,
1687 petit in-folio), précédé par un discours en latin sur 9 feuillets gravés
et imprimés comme en Chine. Un abrégé de ce même ouvrage en in-4°, est paru chez le même éditeur contenant les mêmes planches.
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