dimanche 28 mars 2010
L’HEURE N’EST PAS CELLE QU’ON CROIT
Les Suisses se sont bien amusés, dans les années soixante-dix, lorsque la France institua les heures d’été et d’hiver. « Nous fabriquons les montres, dit l’un d’eux. Et vous, vous changez les heures ! » Depuis, l’Europe entière est passée sous le joug de cet arbitraire. Le changement d’heures est peut-être une coutume française. Avant le XIXe siècle, chaque ville y avait son heure propre, mais le développement des moyens de communication, notamment du chemin de fer, nous a obligés à adopter une heure unique. Elle fut d’abord celle du méridien de Paris. Un certain Collin publia, en 1880, une plaquette de 21 pages, intitulée : L’unification de l’heure à Paris et dans toute la France, qui faisait le tour de la question. Puis, en 1911, on s’aligna sur Greenwich. Aujourd’hui, nous nous alignons sur un décret. De ces textes qui empoisonnent la vie des citoyens et que les politiques justifient parce qu’un conseiller technique leur a prouvé que leur idée était bonne.
Bien avant tout cela, Henri Sully (1680-1729) avait étudié la Règle artificielle du temps. Son traité parut une première fois, en Autriche à Vienne, en 1714, sous ses seules initiales. Ce savant d’origine anglaise, devait créer en 1718, une manufacture d'horlogerie à Versailles. Il entreprit aussi, en 1727, la construction de la méridienne de l’église Saint-Sulpice à Paris. Cette œuvre fut achevée par l’astronome Pierre- Charles Le Monnier (1715-1799). Mais c’est son ouvrage qui l’occupait le plus. Il y revint plusieurs fois, en ajoutant, en 1717, à sa « Règle », le traité de la division naturelle et artificielle du temps, des horloges et des montres de différentes constructions, de la manière de les connoître et de les régler avec justesse. Tout ceci en près de deux cents pages. Cette édition, était, en outre, augmentée par un Extrait de la lettre du R.P. Kresa S.L. écrite à M. Williamson, Horloger du cabinet de sa Majesté Impériale du 9 janvier 1715, et par la Description d’une montre d’une nouvelle construction présentée à l’Académie royale des Sciences au mois de juin 1716. Il s’agit sans doute de son chronomètre de marine destiné à la détermination des longitudes. Une nouvelle édition sortit, en 1737, sous le même titre (1).
Aujourd’hui, tout est simple à effectuer. On nous dit : avancez d’une heure vos montres, ou, à l’inverse, reculez-la d’une heure. Et l’on gagne ou perd à chaque fois du sommeil. Tandis qu’autrefois, la longueur du temps était plus affinée. Grâce à Sully et quelques-uns autres, nous savions que la différence entre le temps solaire moyen et le temps solaire vrai était appelée « équation du temps ». Celle-là varie chaque jour et atteint –16 minutes en novembre et +14 minutes en février. Ce décalage horaire est quand même plus supportable.
(1) L’éditeur belge, Machiavel, a réimprimé cette édition, à 1000 exemplaires.
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