mercredi 27 juin 2012



Á TRAÎNE QUI VOUDRA TENIR

                        Le père Claude-François Ménestrier (1631-1705) était un personnage respectable d’autant plus qu’il était lyonnais et appartenait à la compagnie de Jésus. Sa bibliographie comporte plus de 144 titres, essentiellement inspirés par l’héraldique. Le plus célèbre est La méthode du blason, éditée la première fois, à Lyon et à Paris par Michallet, en  1688 et qui bénéficia de huit réimpressions jusqu’en 1780. Nous avons relevé huit exemplaires de ces différentes éditions passées en vente au cours des dix dernières années, adjugés entre 90 € et 220 €.
                        Le moins connu des titres de ce religieux érudit est une Dissertation sur l’usage de se faire porter la queue… Un tiré à part des deux exemplaires justifiés, mais celui-ci non numéroté,  extrait du tome VIII de la « Collection des meilleurs (sic) dissertations, notices et traités particuliers de Constant Leber, qui parut en 1838 chez Dentu » (s.l.n.d. [vers 1838] in-8, broché à l’époque sous couverture d’attente, non rogné, a été adjugé 320 €, à Drouot, le 13 décembre 2011 par la svv Alde, assistée par Dominique Courvoisier. Selon cet expert, Paul Allut, auteur des Recherches sur la vie et sur les oeuvres du P. Claude-François Menestrier,.... (Lyon, N. Scheuring, 1856) mentionne la « Collection de Leber », mais pas de tiré à part.
                        Toujours est-il qu’à la lecture de ce titre, on se demande ce qu’était donc allé faire ce grand blasonneur dans cette étude qui laisse, à première vue, songeur ? Il devait « répondre aux demandes qu’un chanoine, docteur de Paris, avoit faite sur cet usage » ( sic). Les longues queues, tous les hommes d’église et les robins, le savent ce sont des habits et des manteaux de cérémonie. Selon le P. Ménestrier, cet usage est fort ancien puisqu’il cite des « habits trainans » (sic) chez les Grecs ; puis « la queue traînante des habits des tragédies » chez les Romains et enfin des « porteurs de queues aux cérémonies funèbres », essentiellement celles des princes chrétiens. Il vint la coutume de les porter dans d’autres cérémonies chez les personnes de qualité, souverains, princes et princesses, grands officiers, dignitaires des compagnies ecclésiastiques et séculières. « C’est ce qui fit donner le nom de queue à la suite des courtisans, officiers et domestiques qui accompagnaient ces personnes ». Il y eut, naturellement, des abus. Le concile de Tolède condamna, en 1324, ces « superfluités ». Les cardinaux passèrent outre et en firent une distinction. Ils ne sortirent plus qu’avec des porte-queue, les « caudataires ». Quant aux souverains, ne revêtent-ils pas un manteau à longue traîne, le jour de leur sacre ?
                        Une première édition de cette intéressante Dissertation, fut donnée à Paris, chez Jean Boudot, en 1704, sur 51 pages. Son texte – « avec quelques retranchemens » (sic) - fut repris dans le Journal ecclésiastique de l’abbé Dinouart, en mai 1764 ; puis dans la Collection de pièces relatives à l’histoire de France, publiée en 1826, notamment par Constant Leber. L’éditeur d’une édition, imprimée par J.M. Barret, à Lyon, en 1829, explique avec précaution que ce C. Leber  « a accompagné cette dissertation d’un petit nombre de notes, la plupart intéressantes, que nous croyons devoir lui emprunter, et auxquelles nous en avons ajouté quelques-unes, sans prétendre (non plus que lui) au mérite d’épuiser la matière, et encore moins de mettre la dernière main à l’œuvre du savant auteur ». Dans ses descriptions, le P. Ménestrier a, en effet, omis la queue des robes des magistrats et des avocats. Elles existent toujours, mais elles sont « retroussées à l’intérieur ».
                        Cette robe-là, celle des avocats se dessina à partir du XVIIe siècle et peu à peu devint semblable à celle que portent les membres du barreau de nos jours. Au grand siècle, ils en étaient constamment vêtus « Elle était pourvue d’une queue rabattue à l’intérieur et attachée en tortillon à un ruban  accroché à l’échancrure de la manche droite. La queue est détachée dans les grandes occasions et traîne à même le sol », précise Jacques Boedels, dans son étude sur Les habits du pouvoir, la justice (1). Aujourd’hui, la robe s’est raccourcie et la traîne a diminué d’ampleur au profit du cordon qui a grandi en proportion. On ne la détache plus. « Elle s’est atrophiée, dit-il encore, à l’instar de ces oiseaux dont les ailes finissent  en moignon faute d’être utilisées ».
                                                          

(1)   Ed. Antébi,1992.


dimanche 10 juin 2012


UN CUISINIER FRANÇAIS, ENFIN

              Comment réaliser le hachis de champignons épicés «à la Duxelles» ? Sans entrer dans le détail d’une préparation culinaire, il suffit de savoir qu’il s’agit d'un hachis de champignons, d'oignons et d'échalotes étuvé au beurre formant une base de farce.  Quant au terme Duxelles, il indique que les dits champignons sont hachés menus en tout petits cubes. Si l’on veut en savoir plus, il suffit d’ouvrir l’ouvrage de La Varenne, Le Cuisinier françois paru la première fois en 1651.  Un exemplaire de ce que l’on pourrait considérer comme étant la troisième édition (Paris, Pierre David, 1652. petit in-8), car  parue un an après l'originale, et la même année que la deuxième qui elle, est en partie originale car augmentée du Traité de confitures seiches & liquides, & autres delicatesses de bouche, a été adjugée 3.500 €, à Drouot, le 13 avril 2012 par la svv Beaussant Lefèvre, assistée par Alain Nicolas. Cet exemplaire est relié en parchemin semi-rigide, certes un peu salie, mais cela indique que l’ouvrage a servi.
              François Pierre (1618-1678) fut l’un des officiers de Bouche  d’une des plus célèbres tables de son temps. Il adopta le surnom de la Varenne déjà porté par un cuisinier d'Henri IV.  Louis Chalon Du Blé, marquis d'Uxelles (1619-1658)  et gouverneur de Chalon-sur-Saône qui fut un des négociateurs de la paix d'Utrecht, l’avait pris à son service. On se pressait à sa table et c’est là que l’on s’extasiait sur ce fameux  hachis de champignons épicés «à la Duxelles». Se fondant sur sa devise « santé, modération, raffinement », La Varenne modernisa la cuisine. Son « Cuisinier français » et « Le Pâtissier français connurent un succès considérable et furent souvent réédités. On a répertorié 69 éditions au total sous l'Ancien Régime (de la première en 1651 à la dernière en 1754), sans compter les contrefaçons et  les «  suites » signées sous son nom.  Il fut aussi  le premier livre culinaire français traduit en langue étrangère, en anglais, en 1653. La Varenne n’en profita guère et mourut pauvre, à l’âge de soixante ans, à Dijon, après avoir quitté le service de la veuve du marquis d’Uxelles, tué en 1658, au siège de Gravelines. « Il fut un des premiers cuisiniers français à s’intéresser aux légumes, méprisés avant lui, et à donner des recettes originales pour « les accommoder avec honneur et contentement » dit de lui Cécile Éluard-Valette dans les grandes heures de la cuisine française (Libraires associés, 1964). De son côté Gérard Oberlé, l’auteur des Fastes de Bacchus et de Comus  (Belfond, 1989) affirme qu’ « Un livre entier ne suffirait pas pour analyser les recettes de La Varenne, et détailler toutes les subtilités de ses truffes en ragoust, de ses œufs à la huguenotte ou de ses asperges fricassées… »
              Ce  « Cuisinier français » a encore avoir été le premier nouvel ouvrage culinaire à être publié en un siècle. On ne se  contentait en effet que de réimprimer les mêmes traités de gastronomie depuis 1545. Il n’en sortit plus un seul à partir de 1620. Comme le souligne, l’expert Alain Nicolas, «  Le cuisinier françois inaugure la formule éditoriale moderne du livre du cuisine. Il se distingue de tous ses prédécesseurs par la clarté de sa disposition : elle suit l'ordre des services du repas (potages, entrées, rôtis et entremets) répété trois fois en fonction des préceptes religieux (jours gras, jours maigres habituels, jours maigres du temps de carême). La Varenne insère par ailleurs des éléments nouveaux qui tendent à une organisation rationnelle du livre de cuisine : numérotation des recettes (environ sept cents en tout), répertoires en tête de chaque service, tables annexes. ». Il n’hésitait pas à parler au besoin à la première personne, donnant ainsi une nouvelle image du cuisinier qui s’affirmait également comme un auteur. Il a véritablement jeté les fondements d'un nouveau canon du goût. Il a innové, par exemple, avec les bisques et ragoûts apparus au début du dix-septième siècle, ainsi que  des plats, comme les poissons « au bleu », le bœuf « à la mode », les œufs « au miroir » ou  à la neige »...  que nous goûtons toujours. Il fut également le premier à exploiter plus franchement la saveur propre des aliments, en modérant notamment l'usage des épices pour leur préférer l'emploi d'herbes du jardin regroupées en un bouquet aromatique ».  

samedi 2 juin 2012


L’ESPION ANGLAIS QUI NE L’ÉTAIT PAS



              Bien malin celui qui pourrait préciser les biographies de deux gentlemen, milord All’Eye et milord All’Ear. Ces deux aristocrates britanniques ont pourtant défrayé la chronique grâce à une correspondance  voulue secrète qu’ils ont échangée au cours de la seconde moitié du dix-huitième siècle. Si nous la connaissons, c’est grâce à l’infidélité du secrétaire de milord All’Ear. « Il [Le public] s’en doute : cela se pratique toujours ainsi, &  tout avertissement à cet égard serait inutile.  Mais ce qu’il est plus essentiel de lui apprendre, c’est que, soit que milord change ou non de secrétaire, soit qu’il le fasse enfermer  pendre, rouer, empaler ce confident, il  l’en sera pas mieux servi, & nous espérons  pour ne pas dire nous sommes certains que  ce vol se renouvellera tous les ans en notre  faveur », notaient les éditeurs dans un avertissement en tête de l’ouvrage.
              L’édition complète s’intitule ainsi L’espion anglois, ou correspondance secrète entre Milord All'Eye et Milord All'Ear. (Chez John Adamson, A Londres, 1777-1785, 10 tomes en 10 Vol. in 12). Les quatre premiers volumes parurent, sans nom d’auteur, en 1777 sous le titre de  L’Observateur anglais, et les six autres en 1785, après la mort de leur auteur Matthieu-François Pidansat de Mairobert (1727-1779). Celui-ci fut une sorte de brillant touche-à-tout. Officier de marine, il fut aussi avocat au Parlement, secrétaire du roi et du duc de Chartres, occupa même un poste à la censure royale. Il se suicida en 1779 après que le Parlement de Paris lui eût infligé un blâme public pour sa supposée compromission dans le procès du marquis de Brunoy. Restif de la Bretonne qui était son ami, le pleura et commémorait sa mort chaque année.  Son « espion anglais » qui ne l’était donc pas, lui permit d’exercer son talent de pamphlétaire, tout en décrivant la société française de son temps. Il composa son livre sous forme de lettres entre 1774 et 1778, en imaginant qu’un Anglais voyageant en France ayant promis à l’un de ses amis demeuré à Londres, de le renseigner sur les mœurs et les curiosités de la capitale, de « celle qu’on appelle déjà la moderne Babylone ».
              Un exemplaire de la seconde édition (Londres, John Adamson 1777-1785, 10 tomes en 10 Vol. in 12), relié en plein veau d’époque, le dos orné, les pièces de titres en maroquin rouge, a été  adjugé 750 $ (environ 600 €), à New York, le 10 avril 2012 par Christie’s. Cette édition est considérée comme « révisée et corrigée ». L’ouvrage connut quelque retentissement, car « l’esprit de Pidansat était quelquefois marqué au coin des plus cinglantes ironies », notait un critique. Entre temps, parut un Supplément à l'Espion anglais, ou Lettres intéressantes sur la retraite de M. Necker; sur le sort de la France et de l'Angleterre; et sur la détention de M. Linguet à la Bastille. Adressées à Milord All'Eye. Par l'auteur de l'Espion anglais. (Londres,  [en fait Amsterdam] John Adamson [nom emprunté] 1781, in-8). Contrairement à ce que le titre laisse penser, il ne s’agit pas d’un  véritable supplément à « l’Espion anglais » ; mais d'une supercherie littéraire qui permit à son auteur de diffuser un pamphlet.  Celui-ci serait Joseph Lanjuinais (1730-1808) qui fut d’abord bénédictin avant d’embrasser la religion réformée.
              « L’Espion anglais » connut des réimpressions diverses, comme ce  résumé titré L’Espion anglais, ou Correspondance entre deux milords sur les mœurs publiques et privées des Français, (Paris, Léopold Collin, 1809, 2 vol. in-8°) et composé par Jean-Toussaint Merle (1785- 1852), un journaliste et dramaturge qui a également donné un ouvrage sur la conquête de l’Algérie (Paris, Dentu, 183, in-8). Dans les années 1920, un certain bibliophile Pol André, dont nous n’avons pas réussi à percer la véritable identité, et qui s’était fait une spécialité dans l’édition des ouvrages galants, tira « tout ce qui était relatif aux filles galantes du XVIIIe siècle, à leurs clients et à leurs aventures », considérant que « La matière était riche et extraordinairement pittoresque ». Il publia ainsi  Les petits boudoirs sous Louis XV, d’après l’Espion anglais (Albin Michel, s.d [1926], in-8) illustré par 16 planches tirées des gravures anciennes. Les essais politiques même pamphlétaires finissent ainsi, souvent, au rayon des curiosa.

samedi 19 mai 2012



ALEXANDRE DUMAS DEPUIS CAPRI

 
              Ne le saurait-on pas, Alexandre Dumas fut un grand voyageur. Dès 1834, il publiait ses premières Impressions de voyages (Paris, Guyot, Charpentier et Dumont, 1834-1837, 5 volumes in-8). Le futur auteur des Trois mousquetaires ne cessa tout au long de sa vie de faire paraître, entre ses romans et ses pièces, la suite de ses impressions de voyage qui le conduisirent  en Europe, autour de la Méditerranée, en Russie et dans le Caucase, en Espagne et au Moyen-Orient. Toutes réunis, elles totalisent plus d’une trentaine de volumes. S’il connaissait la France à fond, l’Italie fut sans doute sa terre prédilection. Nous connaissons Une année à Florence (Paris, Dumont, 1841, 2 vol. in-8), qui relate sa découverte en 1835, de la « Cité des fleurs ». Naples sera en revanche pour lui à la fois source d’inspiration et pèlerinage. Son père, le général Alexandre  Dumas qui y fut emprisonné en 1799,  durant deux ans, vit sa santé se détériorer, sans doute à cause de tentatives d’empoisonnement. Un deuxième ouvrage, Le Speronare (Paris, Dumont, 1842, 4 volumes in-8) met la Sicile à l’honneur ; Le Capitaine Arena (paris, Dolin, 1842, 2 volumes in-8) retrace l'itinéraire de Dumas, du peintre Jadin et de son chien Milord de Palerme à Naples, par les îles Eoliennes et la Calabre et enfin Le Corricolo (Paris Dolin, 1843, 4 volumes in-8) relate la découverte de la capitale du Royaume des Deux-Siciles. Les textes
de ce dernier recueil d'impressions et d'anecdotes sortirent d'abord en feuilleton épisodes,  du 24 Juin 1842 au 17 janvier 1843,  dans le quotidien  « Le Siècle ».
              Il  conviendra désormais d’ajouter à cette série italienne et plus exactement napolitaine, un dernier volume intitulé Lettres de Capri (1). Claude Schopp qui s’est fait une spécialité de retrouver des inédits d’Alexandre Dumas a identifié six « lettres » publiées du 12 au 25 août 1836, dans La Presse, le tout nouveau quotidien fondé par Émile de Girardin. Cette « correspondance particulière » datée du mois précédent était supposée envoyée de Caprée, le nom antique de Capri. « Ces lettres, qui, après avoir dénoncé les vexations auxquelles le voyageur français est en butte dans les Etats pontificaux, tympanisant les turpitudes des Bourbons de Naples, sont imprimées sans nom d’auteur, dérogeant ainsi à la règle que s’était imposée le journal », précise Claude Schopp. Par un tour de passe-passe, une note précisait à la date du 18 août que ces lettres avaient été adressées à Alexandre Dumas chargé de les transmettre au journal.
              Nous suivons donc un auteur qui se fait appeler Edmond – tient comme Dantes ! – qui depuis Florence, en passant par Pérouse, rejoignit Rome. Celui-ci comme Alexandre Dumas, descendit à l’Hôtel de Londres, place d’Espagne, chez Pastrini : «  le 1er août, il quitte Rome pour Naples, voyageant désormais avec le passeport du peintre Guchard, élève résidant à la Villa Médias, car l’ambassadeur des Deux-Siciles à Rome, Costantino Ludolf, lui a obstinément refusé de viser le sien. Après un premier séjour à (3-23 août 1835), il s’embarque à bord du Santa Maria di Pie di Grotta pour une circumnavigation de la Sicile, dont la première relâche est Caprée, d’où sont envoyées les lettres non signées. » Elles se lisent d’une traite, un vrai régal. Alexandre Dumas ne montre par ailleurs, aucune complaisance vis-à-vis des souverains des Deux Siciles. Il en dresse des portraits charges, souvent féroces. Ce qui explique sans doute l’anonymat voulu par Dumas. Petit provincial, débarquant à Paris, il fut employé  comme bibliothécaire par Louis-Philippe, duc d’Orléans, or on parait mariage entre Marie d’Orléans et Ferdinand de Bourbon. L’écrivain ne voulut sans doute pas être taxé d’ingratitude, au pire de se fermer toute porte ouvrant sur le pouvoir.
              Alexandre Dumas retournera à Naples où il séjournera de 1861 à 1863. Après avoir apporté son aide à Garibaldi dans l’achat de fusils, il fut nommé directeur des fouilles à Pompéi.  Il fondera un journal L’independente qu’il revendit aussitôt tout en y collaborant. On considère  qu’il  écrivit alors l’équivalent de 3 000 pages. Celles-là ont été traduites par Jean-Paul Desprat avec le concours de Claude Schopp et dont un premier volume a été récemment édité  sous le titre Bourbons de Naples : Les Deux Révolutions : Paris 1789, Naples 1799 (2).  


                                     
(1) Lettres de Capri par Alexandre Dumas, Collection de l’Ecrivain voyageur, Ed. La Bibliothèque, 160 p. 3 ill. 14 €.
(2) Aux éditions Fayard, 2010
             

mercredi 9 mai 2012



"Ces Lettres de Venise sont le reflet de mes propres promenades. Elles ne sont pas rédigées comme des mémoires ; elles sont des lettres ouvertes que l’on peut lire comme adressées à la femme aimée ou à son enfant. Elles sont remplies d’images ramassées au cours de découvertes, de flâneries, de rêves aussi. Elles sont vraies comme les personnages qui y apparaissent et qui ressemblent à tous nos proches. Ils sont toutefois transformés parce qu’ils marchent dans les calli et se perdent entre les rii. " Il y a dans cette approche de Venise quelque chose de singulier, d’unique parce que l’auteur n’est ni Vénitien, ni vraiment esthète, ni touriste. Il aime la langue vénitienne qui n’est pas la sienne et fait de la cité sur l’eau une personne proche que l’on présente à ses amis, à sa famille, que l’on fréquente et qui marche à nos côtés parce qu’on marche beaucoup dans ces lettres. Il y a ici comme un plaisir de Venise du coin de la rue. Et c’est d’un étrange raffinement.

Collection L’Écrivain Voyageur, Ed. La Bibliothèque, 160 p. 15 ill. 14 €. 
les bibliophiles seront ravis de savoir qu'ils ont le choix entre deux couleurs de couverture.